Dans chacun de ses portraits de la série « the untitled ghent », Jacques Sonck capture une présence corporelle. Prises de pieds en capes, les personnes adultes ou enfants ont souvent des corps singuliers. Ils sont sans nom, comme la série l’indique, mais aussi sans couleur. Ce sont des portraits en noir et blanc. Leurs figures sont parfois usées par le temps, parfois un peu grimées, un peu difformes, vieillies ou bouffies. On ne sent pas le besoin de les rendre beaux ou belles. Ce qui est à l’honneur, c’est la vérité de l’instant. On sent par contre l’envie très forte de percevoir en chacun les singularités, les petites caractéristiques qui en font une personne unique au monde.
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Jacques Sonck : le quidam est à l’honneur
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Jacques Sonck fait ici un florilège de toutes les personnes étranges, un peu trop maigres, un peu trop grosses, un peu trop comme ci ou comme ça qu’il a pu rencontrer au cours de sa vie. C’est sa manière à lui de célébrer l’humanité. Il capte l’expression de chaque corps, qui pour exister n’a besoin d’aucun nom. Chez Sonck, tout le travail réside dans l’attrait pour l’apparence physique qui sort de l’ordinaire, hors du commun, hors norme. Dans la foule des gens qui passent devant lui, son œil acéré détecte les personnes drôles, rigolotes, atypiques, authentiques. Le cadre importe peu. Elles sont prises dans leur lieu de vie ordinaire, au cours d’une de leurs activités favorites. Il leur demande par contre de « poser ». Ce sont des corps en pose, devant vos yeux ébahis.
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Des mises en scène cocasses !
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Jacques Sonck travaille peu le décor. Il joue par contre beaucoup sur la grandeur et la petitesse. Il peut mettre en scène un grand avec un petit tout proche. Le grand s’en trouve d’autant plus grand et le petit d’autant plus petit. Une difformité apparaît alors pour chacun, comme si l’un avait un corps bien trop allongé et l’autre un corps bien trop rabougri. Sont-ils vraiment difformes ou n’est-ce qu’un effet d’optique ? À vous de juger, semble-t-il. Sonck va aussi parfois chercher dans l’intimité, demandant à une femme relativement âgée de nous montrer ses seins. Il ne le fait pas avec les femmes plus jeunes. Jacques Sonck, l’artiste, ne verse pas dans l’attirance physique et au contraire, demande à voir ce que, généralement, on ne nous montre pas. Il obtient ce que les gens cachent au quotidien.
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Photographie de couverture : https://lparkerstephenson.nyc/jacques-sonck