Des pratiques violentes et humiliantes à l’encontre des femmes rondes sévissent sur les campus américains. Une nouvelle forme de harcèlement, le hogging , a été dénoncé par le mannequin grande taille Megan Mapes. Mais de quoi s’agit-il exactement ? Comment s’en préserver ?
C’est quoi le hogging ?
Le mot « hog » à lui seul est déjà un indicateur. En effet, « hog », qui signifie porc. C’est une insulte utilisée à l’encontre de toute personne en surpoids. Sans compter l’expression familière, « cut a fat hog in the ass » qui se traduit par « passer un bon moment » dans le sens en couchant avec une personne. Par extension, elle signifie « s’amuser entre garçons à humilier ou avoir un comportement inacceptable et abusif en couchant avec une fille« . Quant au verbe « to hog » il a plusieurs sens dont celui d’accaparer, mais aussi de faire courber ce qui peut renvoyer à l’idée de soumission. Car, le hogging n’est ni plus ni moins qu’un pari malsain.
Au cours d’une soirée, un homme drague la fille considérée comme la plus grosse jusqu’à ce qu’il y ait un rapport sexuel. Ces rapports sont consentis…ou non. Puis, une fois l’acte terminé un groupe d’hommes fait irruption dans la pièce, insultent et humilient la victime. Imaginez le traumatisme pour la jeune fille qui s’est prêtée au jeu de la séduction en toute confiance, visiblement cela en amuse certain…. En effet, des hommes interrogés jugeaient ces paris extrêmement amusants. Des témoignages de victimes révèlent que l’acte était probablement filmé.
Pourquoi cette pratique existe-t-elle ?
Cela fait plusieurs décennies que certaines associations de campus américaines ont pointé du doigt cette pratique. En effet, pour certaines confréries plus un homme aura de rapport sexuel, plus il affirmera sa virilité. Le hogging s’inscrit dans la continuité de ce sexisme, de cette violence auquel s’ajoute la grossophobie. Et donc de toutes les idées reçues autour des personnes rondes. Par le hogging, certains se persuadent que la fille ronde n’étant pas désirable, elle est une proie facile en quête désespérée d’amour. Ils se convainquent qu’ils rendent service à la jeune fille en lui accordant la faveur d’un rapport sexuel. Non, mais sérieusement !
On le voit bien le hogging prend racine dans les préjugés. D’abord dans le stéréotype de genre qui consisterait à penser que les hommes se définissent comme tel par une sexualité agressive. Et les stéréotypes autour des femmes rondes selon lesquelles, entre autres, elles ne peuvent avoir une vie amoureuse et sexuelle épanouie. Mais aussi, que les humilier, le « fat-shaming », les aiderait à devenir minces.
Comment se préserver du hogging ?
Il semblerait que le hogging soit surtout sur les campus aux Etats-Unis et beaucoup plus ancien qu’il n’y paraît. En Amérique, la réponse à ce phénomène reste la même que celle contre les viols. À savoir de mener campagne pour responsabiliser les hommes pour qu’ils dénoncent ces pratiques. Les associations de personnes rondes plaident pour une plus grande représentation des personnes en surpoids et obèses dans l’espace publique et médiatique. Et ce, avant tout pour en finir avec les pratiques et les stéréotypes discriminatoires.
Le hogging est un acte méprisable et inadmissible. Si vous êtes victime ou un témoin ne restez pas dans le silence. Dirigez-vous vers les instances compétentes pour en parler et le dénoncer. La libération de la parole sur ce phénomène par Megan Mapes fut courageuse. En mettant en lumière ces agissements, il est plus facile de les combattre.
Photographie de couverture : Maurício Mascaro provenant de Pexels