La mode est souvent perçue comme le reflet des tendances et des aspirations d’une société. Or, malgré les discours progressistes et les déclarations d’inclusivité, la réalité des podiums semble contredire cette vision. La question qui se pose alors est simple : la mode est-elle vraiment pour tout le monde ?
Le paradoxe des podiums :
L’année 2O23 a dévoilé une statistique alarmante. Selon un rapport de Vogue Business, près de 95% des mannequins lors des défilés de la saison printemps-été n’affichaient pas plus qu’une taille 36. C’est d’autant plus surprenant que de nombreuses maisons de couture avaient promis un virage vers une mode plus inclusive.
La réalité des chiffres :
Si l’on s’en tient aux chiffres, l’écart entre la représentation sur les podiums et la réalité est abyssal. Sur 23O défilés avec 9 584 looks, seulement O,9% étaient des mannequins « plus-size », c’est-à-dire, équivalant à une taille 46 en France. La tranche des tailles 38 à 42 ne représentait que 3,9% de l’ensemble. Pourtant, selon l’Institut français du textile et de l’habillement (IFTH), plus d’un tiers des femmes en France portent une taille 4O ou 42. De plus, seulement 5% des femmes ont une taille 36 et 9% une 46. La mode ne serait-elle réservée cas une élite mince ?
Des promesses non tenues :
Il y a quelques années, en 2O17 précisément, un décret avait vu le jour, exigeant des mannequins un certificat médical garantissant leur santé. Cette démarche avait été suivie par la mise en place d’une charte, notamment signée par le géant LVMH, qui s’engageait à éliminer la taille 32 de ses castings. Pourtant, malgré ces engagements, la mode peine à se réinventer. Les résultats actuels montrent un écart considérable entre les promesses et la réalité.
La lueur d’espoir :
Malgré ce tableau sombre, tout n’est pas perdu. Le rapport de Vogue Business note une contribution significative des jeunes designers à l’inclusivité. Ces nouveaux venus de la mode, plus sensibles aux réalités contemporaines et aux attentes du public, pourraient bien être les catalyseurs d’un changement durable.
La puissance de la demande des consommateurs :
Les consommateurs ont un rôle primordial à jouer dans cette transformation. Par leurs choix et leurs préférences, ils peuvent pousser l’industrie à devenir plus inclusive. La popularité croissante de marques qui prônent la diversité des corps témoigne du désir des consommateurs de voir des modèles qui leur ressemblent. En soutenant ces marques et en demandant plus de diversité, les consommateurs peuvent influencer les grandes maisons de mode.
Le rôle des médias et des influenceurs :
Les médias et les influenceurs ont également un rôle prépondérant dans cette évolution. Les plateformes de médias sociaux, les blogs, les vlogs et d’autres formes de communication peuvent être utilisés pour mettre en avant la diversité et l’inclusivité. Des influenceurs, tels que ceux qui sont eux-mêmes « plus-size », peuvent jouer un rôle crucial en normalisant toutes les formes corporelles et en faisant pression sur l’industrie pour qu’elle évolue.
La mode, en tant que reflet de notre société, se doit d’être inclusive. Si la tendance actuelle peut décourager, les mouvements en faveur d’une mode pour tous, portés par la nouvelle génération de designers, apportent une lueur d’espoir. Toutefois, pour un véritable changement, il ne suffit pas d’inclure quelques mannequins « plus-size » lors des grands événements. Il faut une refonte totale de la vision de la mode, où chaque individu, quelle que soit sa taille, se voit représenté et valorisé.
Source photo de couverture : Photo de Pixabay: https://www.pexels.com/fr-fr/photo/femmes-marchant-sur-les-podiums-sur-la-modelisation-dina-jsr-26239/