marginalisation de la mode grande taille dans les médias
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La mode grande taille a longtemps été sous-représentée dans les médias traditionnels. Bien que les femmes rondes représentent une grande partie de la population mondiale, elles restent encore en marge des couvertures de magazines, des campagnes publicitaires et des défilés de mode. Alors que certains progrès ont été réalisés ces dernières années, la question demeure : pourquoi la mode grande taille continue-t-elle d’être marginalisée dans les médias traditionnels ?

Une industrie façonnée par des normes restrictives

L’une des principales raisons pour lesquelles la mode grande taille est marginalisée dans les médias réside dans la manière dont l’industrie de la mode elle-même est structurée. Pendant des décennies, les normes de beauté ont été strictement définies autour d’une minceur extrême. Les mannequins standardisés, souvent de taille 34 ou 36, sont devenus la référence sur les podiums, dans les magazines et dans les publicités.

Ces standards étroits ont façonné l’industrie et ont influencé ce qui est considéré comme « esthétique ». Pour de nombreux créateurs et médias, dévier de ces normes signifiait prendre un risque commercial. Ils craignaient que les vêtements grande taille ne soient pas perçus comme « glamour » ou « élégants », ce qui a conduit à une sous-représentation systématique des femmes rondes.

presse féminine
Portrait of stylish Caucasian woman in sunglasses with red lips wearing stripy black and white overall and beige heels. Fashion model reading magazine sitting in rattan chair in relaxed pose.

Un manque de diversité corporelle

Les médias traditionnels ont également contribué à perpétuer un manque flagrant de diversité corporelle. Alors que de nombreux magazines ont intégré davantage de diversité en termes de couleur de peau ou d’origine ethnique, la diversité des tailles reste souvent ignorée. Les corps ronds, au-delà de la taille 44, sont encore rarement montrés dans les grandes publications ou les défilés majeurs.

Cette exclusion contribue à renforcer l’idée que les femmes rondes ne sont pas dignes de faire partie de l’élite de la mode. Elles sont reléguées à des « éditions spéciales » ou à des campagnes spécifiques, plutôt qu’intégrées de manière organique aux médias traditionnels. Ce cloisonnement crée une barrière artificielle entre la mode grande taille et le reste de l’industrie.

Le poids des stéréotypes

La marginalisation de la mode grande taille est également liée aux stéréotypes qui entourent les personnes rondes. Ces stéréotypes, qui suggèrent que les personnes en surpoids sont moins dynamiques, moins en bonne santé ou moins séduisantes, sont profondément enracinés dans la société et influencent la manière dont les médias choisissent de les représenter.

Dans les magazines de mode traditionnels, ces préjugés se traduisent par une représentation limitée et stéréotypée des femmes rondes. Quand elles sont montrées, c’est souvent sous l’angle de l’acceptation de soi ou du bodypositivisme, mais rarement comme des figures glamour ou des icônes de style. Elles sont plus susceptibles d’apparaître dans des articles sur la santé, les régimes ou l’acceptation du corps que dans des pages de mode purement stylistique.

presse bodypositive
Tess Holliday en couverture du magazine Cosmopolitan UK. Numéro d’octobre 218.© Facebook, Cosmopolitan UK

L’argument économique : un frein à l’inclusivité ?

Un autre facteur qui contribue à la marginalisation de la mode grande taille dans les médias traditionnels est l’argument économique. Les marques de luxe, qui dominent souvent les pages des magazines de mode, ont historiquement évité de créer des collections grande taille. Cela est dû à plusieurs raisons, dont la perception que ces vêtements sont plus coûteux à produire ou que la demande pour des vêtements de luxe en grande taille est limitée.

Cette approche limitée empêche une véritable inclusion dans les magazines de mode qui dépendent de ces grandes marques pour leur publicité. Les éditeurs peuvent être réticents à mettre en avant des mannequins grande taille ou des collections grande taille s’ils craignent que cela n’attire pas de publicités des grandes marques de luxe.

La récupération marketing : une inclusion de façade

Bien que certaines publications aient tenté d’intégrer la mode grande taille dans leurs pages, il s’agit souvent d’une inclusion de façade, motivée par des intérêts commerciaux plutôt que par un véritable engagement envers la diversité. Les éditions spéciales « grande taille », qui sont souvent limitées à quelques numéros par an, sont un exemple de cette récupération marketing. Elles donnent l’impression d’inclusivité, mais ne s’inscrivent pas dans une démarche durable.

De plus, les mannequins grande taille qui sont présentés dans ces éditions spéciales sont souvent proches des standards de beauté traditionnels. Elles portent des tailles 42 ou 44, mais restent conformes à une image lisse et glamour, loin de représenter la diversité réelle des corps.

Un changement en cours, mais encore insuffisant

Il est important de reconnaître que des progrès ont été réalisés dans la représentation des femmes rondes dans les médias. Des figures comme Ashley Graham, Tess Holliday ou Paloma Elsesser ont brisé certaines barrières et ont ouvert la voie à une meilleure représentation des corps diversifiés.

Cependant, ces progrès restent limités. Les mannequins grande taille apparaissent principalement dans des campagnes spécifiques ou des événements isolés, mais elles ne sont pas encore intégrées de manière systématique dans les médias traditionnels. Il existe encore une réticence à montrer des femmes au-delà de la taille 44 dans des contextes purement mode, et cette réticence empêche une véritable inclusion.

La mode grande taille et les réseaux sociaux : un espace de liberté

Heureusement, les réseaux sociaux ont ouvert un espace où la mode grande taille peut s’épanouir. Des plateformes comme Instagram et TikTok permettent à des créatrices de contenu, des influenceuses et des activistes de montrer leurs corps sans passer par les filtres des médias traditionnels. Cela a créé une véritable communauté où les femmes rondes peuvent s’exprimer librement et partager leur amour pour la mode, loin des standards imposés par l’industrie.

Des hashtags comme #BodyPositive ou #EffYourBeautyStandards ont permis de rassembler des milliers de femmes autour de l’idée que la mode est pour tout le monde, et que les médias traditionnels ne doivent pas dicter ce qui est ou non acceptable.

Vers une vraie inclusion dans les médias traditionnels ?

La mode grande taille reste encore marginalisée dans les médias traditionnels, mais les mentalités commencent à évoluer. Pour que cette inclusion devienne véritablement systématique, il est crucial que les médias cessent de voir la mode grande taille comme une simple opportunité marketing et qu’ils s’engagent sincèrement en faveur de la diversité des corps.

Les marques de mode, les créateurs et les éditeurs ont tous un rôle à jouer dans ce changement. Ils doivent cesser de traiter les femmes rondes comme une niche et les inclure pleinement dans leurs campagnes, leurs défilés et leurs magazines. Ce n’est qu’à cette condition que la mode grande taille pourra enfin sortir de la marginalité et prendre la place qui lui revient dans les médias traditionnels.

Source photo de couverture : Photo de Laura Chouette: https://www.pexels.com/fr-fr/photo/noir-et-blanc-femme-retro-vintage-2194491/
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