Le monde des concours de beauté vit une petite révolution. Après 35 ans de défilés, de couronnes scintillantes et de discours convenus, Miss Pays-Bas tire sa révérence. La dernière édition, annoncée pour 2024, marque un tournant : l’abandon d’un format jugé obsolète pour une initiative inédite axée sur la santé mentale et les histoires inspirantes. Une décision qui suscite autant d’enthousiasme que de débats. Alors, est-ce la fin d’un divertissement familial ou le début d’une révolution sociétale ?
Un adieu sous le signe de la réflexion
Le 12 décembre 2024, Monica van Ee, directrice du comité Miss Pays-Bas, a annoncé la fin du concours. À la place, une plateforme nommée « Plus de ce temps » (« Niet Meer Van Deze Tijd ») sera lancée. Son objectif : créer un espace de partage bienveillant où les femmes pourront raconter leurs histoires, briser les normes de beauté traditionnelles et parler ouvertement des enjeux de santé mentale. « Les temps changent, et nous devons évoluer », explique Monica van Ee.
Cette transition marque un rejet des standards de beauté jugés archaïques pour se concentrer sur la résilience, la diversité et l’entraide. Les organisatrices veulent mettre en avant la vraie vie des femmes, loin des strass et des paillettes.
Une initiative inspirante… mais polémique
L’idée d’une plateforme valorisant les récits authentiques est largement saluée. Rikkie Kollé, première femme transgenre à remporter Miss Pays-Bas en 2023, participe activement au projet. Pour elle, cette initiative est une suite logique : « Montrer qu’on peut s’accepter tel qu’on est et inspirer les autres ».
Cependant, tout le monde n’adhère pas à ce changement. Pour de nombreux fans, les concours de beauté représentent avant tout un divertissement léger, une tradition familiale où chacun parie sur la gagnante. « Nous vivons dans un monde où tout devient politique. Parfois, on a juste besoin de s’amuser, sans se poser mille questions », commente un spectateur déçu.
Une vision à deux visages
D’un côté, cette initiative illustre un véritable besoin d’évolution dans un monde où les normes de beauté sont souvent sources de complexes et de discriminations. En mettant en avant des histoires inspirantes et en valorisant la santé mentale, Miss Pays-Bas ouvre la voie à un changement profond des mentalités.
De l’autre, certains critiquent une forme d’hypocrisie. Bien que Miss Pays-Bas abandonne son concours, la gagnante de l’édition précédente est encore tenûe de participer à Miss Univers, un événement régi par des standards de beauté stricts. Ce paradoxe met en lumière les difficultés d’échapper totalement aux injonctions sociétales.
Un besoin de légèreté dans un monde complexe
Au-delà des débats sur les standards de beauté, une question persiste : devons-nous absolument transformer tous les concours en projets sociétaux ? Beaucoup considèrent les élections de Miss comme une bouffée d’air frais dans un quotidien souvent stressant. Ces événements permettent de réunir familles et amis pour partager un moment de légèreté. « Pour moi, Miss France n’est pas un modèle politique. C’est juste une fille belle, une princesse qui représente la beauté française à l’international. Et ça me suffit », confie une spectatrice.
Cette vision illustre une certaine nostalgie pour un divertissement simple et accessible. Si Miss Pays-Bas laisse un vide, il ne fait aucun doute qu’un autre concours prendra le relais. L’attrait pour ces événements ne semble pas près de disparaître.
Et Miss France dans tout ça ?
Alors que Miss Pays-Bas tourne la page, la France pourrait-elle suivre le mouvement ? Rien n’est moins sûr. Si les débats sur l’inclusivité et la santé mentale gagnent en importance, Miss France reste une institution solidement ancrée dans la culture populaire. Ce concours, l’un des programmes les plus regardés chaque année, continue d’attirer des millions de téléspectateurs.
Plutôt que de disparaître, peut-être faudrait-il rééquilibrer ces événements : maintenir leur aspect festif tout en intégrant une dimension plus actuelle. Créer des épreuves valorisant l’engagement ou la personnalité des candidates pourrait être une solution intermédiaire.
Source image de couverture : Richard Broekhuijzen