Les Sœurs Botox, Camilla et Ajar, ont défrayé la chronique en pratiquant illégalement des injections de botox et d’acide hyaluronique sur des centaines de clientes en France. Sans diplôme ni formation médicale, elles ont profité du pouvoir des réseaux sociaux pour bâtir un empire clandestin, attirant des victimes avec des promesses de beauté à bas prix. Arrêtées et condamnées, elles auraient pu disparaître de la sphère médiatique. Pourtant, elles ont su transformer le scandale en opportunité, devenant de véritables stars du web. Retour sur une affaire qui en dit long sur les dérives de la médecine esthétique et l’impact des réseaux sociaux.
Qui sont les Sœurs Botox ?
Le nom des Sœurs Botox a fait grand bruit ces dernières années. Derrière ce surnom se cachent Camilla et Ajar, deux sœurs qui se sont fait connaître pour avoir pratiqué illégalement des injections de botox et d’acide hyaluronique en France. Sans formation médicale, elles ont réussi à attirer des centaines de clients, séduits par des prix attractifs et une apparence de professionnalisme savamment entretenue sur les réseaux sociaux.
Entre janvier 2021 et juillet 2023, Camilla, qui se faisait appeler « Dr Lougayne », a effectué des injections sur plus de 600 personnes. L’affaire a pris une ampleur médiatique considérable lorsqu’elles ont été arrêtées et jugées pour exercice illégal de la médecine et mise en danger de la vie d’autrui.
Un business clandestin florissant
Dans un monde où les réseaux sociaux façonnent les tendances et influencent les comportements, les Sœurs Botox ont su exploiter l’engouement pour la médecine esthétique. Grâce à Instagram et Snapchat, elles ont mis en avant leurs prestations et attiré une clientèle en quête de beauté à moindre coût.
Leur méthode était simple : proposer des injections à des tarifs bien inférieurs à ceux des cliniques spécialisées, tout en cultivant une image de « médecins » compétentes et qualifiées. Pourtant, ni l’une ni l’autre ne possédaient de diplôme en médecine ou en esthétique. Leurs injections étaient réalisées dans des conditions douteuses, sans respect des normes sanitaires et sans connaissances des risques encourus.
Les conséquences dramatiques pour les victimes
Si certaines clientes ont pu obtenir des résultats satisfaisants à court terme, d’autres ont souffert de graves effets secondaires. Parmi les témoignages, plusieurs femmes évoquent des gonflements extrêmes, des infections sévères, voire des paralysies faciales partielles.
L’absence de formation médicale et le manque d’hygiène ont conduit certaines victimes à des complications nécessitant des interventions médicales d’urgence. Les injections mal dosées ou mal administrées peuvent entraîner des conséquences irréversibles sur le visage, prouvant une fois de plus que la médecine esthétique n’est pas un domaine à prendre à la légère.
Une condamnation qui fait du bruit
En septembre 2023, les Sœurs Botox ont été condamnées à des peines de prison ferme. Cette décision judiciaire a marqué un tournant en France, soulignant la nécessité de lutter contre les pratiques illégales en médecine esthétique.
Le procès a mis en lumière plusieurs éléments accablants :
- Un nombre alarmant de victimes, dont certaines souffrent encore des séquelles des injections.
- Une mise en danger évidente de la vie d’autrui.
- Une absence totale de formation et de compétences médicales.
La condamnation des sœurs a servi d’exemple pour dissuader d’autres individus de se lancer dans ce type d’arnaque. Cependant, le problème des injections clandestines demeure un véritable fléau, facilité par la diffusion rapide des tendances sur les réseaux sociaux.
De criminelles à stars des réseaux sociaux
Malgré leur condamnation et la controverse autour de leurs pratiques, les Sœurs Botox ont su transformer leur scandale en tremplin médiatique. Depuis leur sortie de prison, elles ont gagné en notoriété et se sont imposées comme de véritables personnalités des réseaux sociaux.
Comment sont-elles devenues influentes ?
Grâce à une communication bien rodée, elles ont utilisé leur histoire pour attirer l’attention du public. Leur interview avec Sam Zirah a marqué un tournant dans leur parcours en suscitant la curiosité et en générant des millions de vues sur YouTube. Plutôt que de disparaître après leur condamnation, elles ont surfé sur le bad buzz pour fidéliser une audience avide de polémiques et de récits sulfureux.
Leur stratégie repose sur plusieurs éléments :
- Un discours de justification : elles expliquent leur parcours, insistent sur leur jeune âge et leur méconnaissance des lois pour tenter de minimiser leurs fautes.
- Une mise en scène de leur vie actuelle : elles partagent leur quotidien, leurs ambitions et leurs nouveaux projets pour transformer leur image.
- Une posture de victimes du système : elles mettent en avant le fait qu’elles auraient été « utilisées » et « diabolisées », ce qui attire la sympathie d’une partie du public.
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Pourquoi suscitent-elles autant d’intérêt ?
Leur ascension post-scandale repose sur plusieurs mécanismes propres aux réseaux sociaux :
- L’attrait pour les controverses : les internautes sont fascinés par les parcours de rédemption ou de rébellion face au système.
- L’image du scandale qui vend : comme d’autres figures médiatiques controversées avant elles, elles ont compris que la notoriété, qu’elle soit positive ou négative, génère de l’audience et donc des opportunités.
- L’illusion du succès : en partageant un mode de vie luxueux et en affichant une confiance inébranlable, elles donnent l’impression d’avoir surmonté la tempête judiciaire sans réelle conséquence.
Aujourd’hui, leur influence ne cesse de croître et certaines marques commencent même à s’intéresser à elles pour du placement de produits. Une évolution surprenante qui pose la question de la responsabilité des plateformes à donner de la visibilité à des personnalités issues d’un parcours aussi controversé.
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