Le corps des personnes grosses est jugé. Trop visible, trop encombrant, trop inadapté. Et parfois, la discrimination va jusqu’aux sanctions financières. L’amende grossophobe est une réalité. Derrière des motifs absurdes se cachent des mécanismes d’exclusion systémique.
Les compagnies aériennes et le surcoût des sièges
Les compagnies aériennes sont en première ligne. Certaines imposent un deuxième billet aux passagers jugés trop larges pour un seul siège. Une charge financière injuste qui punit les personnes grosses pour une infrastructure pensée uniquement pour les corps normés. En 2023, plusieurs voyageurs ont dénoncé cette pratique. Une pétition a même circulé pour exiger des sièges adaptés sans surcoût. Pourtant, les compagnies continuent de justifier ces frais supplémentaires.

Les transports en commun et les amendes injustes
Les transports en commun ne sont pas en reste. Certaines villes imposent des amendes aux passagers qui « empiètent » sur un siège voisin. Un règlement qui ne tient pas compte des morphologies et qui met en difficulté de nombreuses personnes. En 2018, une femme a été verbalisée dans un bus sous prétexte qu’elle occupait une place et demie. L’humiliation publique, en plus de la sanction financière, rappelle à quel point l’espace public reste hostile aux corps hors normes.
Les assurances et les coûts supplémentaires imposés
Les assurances et la santé ne sont pas épargnées. Certaines compagnies appliquent des tarifs majorés aux personnes en surpoids. Des primes d’assurance plus élevées, des refus de couverture ou des franchises exorbitantes sont monnaie courante. Ces pratiques reposent sur des préjugés médicaux et non sur une véritable analyse des risques individuels. Le poids devient un critère d’exclusion, sans considération pour l’état de santé réel des personnes concernées.
La discrimination au travail
Les employeurs ne sont pas en reste. Dans certains pays, des entreprises pénalisent financièrement les salariés en fonction de leur indice de masse corporelle. Sous couvert de « bien-être », ces mesures stigmatisent et renforcent la discrimination. Aux États-Unis, certaines entreprises réduisent le salaire des employés considérés en surpoids en augmentant leurs cotisations santé. Une logique punitive qui accentue les inégalités sur le marché du travail.

Des contrôles aux frontières absurdes
Les contrôles aux frontières soulèvent également des aberrations. En 2019, une femme a dû payer un supplément en raison du poids de ses bagages… et de son propre poids. La compagnie aérienne a justifié cette décision par des règles de sécurité. Pourtant, aucun texte de loi ne l’imposait. L’indignation sur les réseaux sociaux a permis de dénoncer cette injustice, mais aucune réglementation ne protège réellement les passagers contre ce type de discrimination.
L’industrie de la mode et les prix majorés
La mode et l’industrie textile participent aussi à cette amende invisible. Les grandes tailles sont souvent vendues plus cher sous prétexte d’une consommation accrue de tissu. Pourtant, cette majoration ne s’applique pas aux vêtements en très petites tailles. Un paradoxe qui montre bien comment la société sanctionne économiquement les corps hors normes. Certaines marques tentent de s’adapter, mais les collections inclusives restent souvent plus coûteuses que leurs équivalents standards.
Les parcs d’attractions et autres lieux de loisirs
Les restaurants et lieux de divertissement ne sont pas en reste. Certains parcs d’attractions imposent des restrictions de poids, empêchant des visiteurs de profiter de certaines attractions. Dans certains cas, des clients ont été invités à payer un tarif supplémentaire pour bénéficier d’un siège plus large. Une humiliation déguisée en mesure de confort.

Ce que dit la loi !
Les législations varient selon les pays, mais peu de protections existent spécifiquement contre la discrimination liée au poids. En France, la loi interdit la discrimination fondée sur l’apparence physique dans le cadre du travail (article L.1132-1 du Code du travail), ce qui signifie qu’un employeur ne peut refuser une embauche, une promotion ou licencier une personne en raison de son poids. Cependant, cette protection est limitée et ne s’étend pas systématiquement à d’autres sphères de la vie quotidienne, comme l’accès aux transports, aux assurances ou aux services publics.
La loi française sur l’égalité et la lutte contre les discriminations repose principalement sur l’article 225-1 du Code pénal, qui interdit toute discrimination fondée sur divers critères, y compris l’apparence physique. Une personne subissant une discrimination liée à son poids peut théoriquement porter plainte. Toutefois, dans la pratique, peu de jugements ont été rendus en faveur des victimes, faute de reconnaissance explicite de la grossophobie comme une forme distincte de discrimination.
La lutte contre la grossophobie médicale, bancaire, etc.
Dans le domaine de la santé, certaines pratiques discriminatoires persistent. Les médecins peuvent refuser des soins ou prodiguer des conseils inappropriés basés uniquement sur le poids du patient. Pourtant, le Code de la santé publique précise que tout patient a droit à des soins sans discrimination. En 2023, un rapport du Défenseur des droits a mis en lumière les nombreuses discriminations médicales subies par les personnes grosses, appelant à une meilleure formation des professionnels de santé.
Les assurances et les banques peuvent également pénaliser les personnes en surpoids en appliquant des surprimes sur les contrats d’assurance ou en refusant des prêts. Pourtant, ces pratiques restent juridiquement contestables. En 2017, une plainte a été déposée contre une compagnie d’assurance qui imposait des tarifs plus élevés aux assurés ayant un IMC supérieur à 30. Malgré cela, aucune loi spécifique ne régule ces abus.

Et dans le reste du monde ?
D’autres pays commencent à légiférer sur le sujet. Aux États-Unis, l’État du Michigan interdit explicitement la discrimination liée au poids dans le travail et l’accès aux services. En 2023, la ville de New York a adopté une loi protégeant les personnes grosses contre toute forme de discrimination dans les lieux publics et les entreprises. Ces avancées montrent qu’un cadre législatif plus protecteur est possible.
En France, des associations comme Gras Politique militent activement pour une reconnaissance officielle de la grossophobie dans la loi et l’ajout explicite du poids comme critère de discrimination dans les textes juridiques. En attendant, la lutte contre l’amende grossophobe repose sur des actions de sensibilisation et des recours juridiques ponctuels. L’adoption d’une loi plus inclusive permettrait de mettre fin à ces sanctions financières et aux discriminations systématiques qui touchent les personnes grosses au quotidien.
Une lutte nécessaire contre l’amende grossophobe
L’amende grossophobe est partout. Elle se cache derrière des règlements absurdes, des frais injustifiés et des discriminations déguisées en normes. Cette réalité doit être combattue. Sensibiliser, dénoncer et exiger des lois plus inclusives sont des actions essentielles pour que les corps ronds ne soient plus pénalisés financièrement simplement pour exister.
Source des images : CANVA