Le body positive est un mouvement qui a émergé pour donner de la visibilité aux femmes grosses et/ou racisées. Il ne s’agit pas seulement d’un état d’esprit qui encourage l’acceptation de soi, mais d’une véritable lutte politique contre la grossophobie et les standards de beauté oppressifs. Pourtant, aujourd’hui, le mouvement est attaqué de toutes parts. Entre récupération commerciale et critiques violentes, il est urgent de résister. Comment protéger et faire perdurer cette cause essentielle ?
Pourquoi le Body positive est-il plus que jamais en danger ?
L’idée d’accepter son corps tel qu’il est dérange. Depuis ses débuts dans les années 90, le body positive a été une réponse aux injonctions à la minceur, particulièrement imposées aux femmes. Mais aujourd’hui, nous assistons à une tentative de dissolution du message initial.
Premièrement, l’industrie de la mode et de la beauté a récupéré le body positive en en faisant un simple argument marketing. Certaines marques affichent quelques mannequins plus-size dans leurs campagnes, mais continuent de privilégier les standards de beauté traditionnels. Cette approche vide de sens efface le véritable enjeu du mouvement, à savoir la représentation des corps marginalisés.
Deuxièmement, les critiques contre le body positive se multiplient, souvent portées par des influenceurs fitness ou des figures médiatiques qui accusent le mouvement de normaliser l’obésité. Ils ignorent pourtant que le but n’est pas de promouvoir un mode de vie mais de revendiquer le droit d’exister sans honte et sans discrimination.
Enfin, les réseaux sociaux ont un rôle ambivalent : ils ont permis une large diffusion du body positive, mais deviennent aussi des espaces hostiles où les femmes grosses subissent harcèlement et moqueries, rendant l’affirmation de soi toujours plus difficile.

Body Positive, féminisme et grossophobie : un combat indissociable
Le body positive ne peut être dissocié du féminisme et des autres luttes contre les discriminations. La grossophobie est une question profondément politique, car elle touche avant tout les femmes et les classes populaires.
D’un côté, la société impose aux femmes des critères de beauté impossibles à atteindre. Être mince est perçu comme une preuve de contrôle et de discipline, tandis que le fait d’être grosse est assimilé à de la paresse ou à un manque de volonté. Ces préjugés renforcent une pression sociale constante, où le corps devient un champ de bataille.
D’un autre côté, il est prouvé que l’obésité est plus fréquente dans les classes populaires. Le manque d’accès à une alimentation saine, aux soins et à des espaces de bien-être rend plus difficile le maintien d’un corps conforme aux attentes sociétales. La grossophobie devient ainsi une discrimination de classe, où les corps gros sont perçus comme un échec social.
Ce constat s’accompagne d’un aspect racial. Historiquement, les standards de beauté occidentaux ont été construits sur l’idéal du corps blanc, mince et élancé. La diabolisation des formes rondes a souvent été associée à une vision raciste, où les corps des femmes racisées étaient dévalorisés. Ainsi, la lutte contre la grossophobie s’inscrit pleinement dans un combat féministe et antiraciste.
Comment résister aux attaques contre le Body Positive ?
Face à ces tentatives d’effacement et de récupération, il est essentiel de protéger l’essence du body positive et de refuser sa dilution dans des discours consensuels et dépolitisés. Voici quelques pistes pour y parvenir :
1. Ne pas se laisser influencer par la récupération commerciale
Le marketing utilise le body positive pour vendre, mais sans engagement réel. Il est donc crucial de privilégier des marques réellement inclusives et de ne pas se laisser piéger par des campagnes qui ne sont qu’un vernis de diversité.
2. Soutenir les créatrices et activistes engagées
De nombreuses femmes grosses et/ou racisées continuent à porter haut la voix du body positive malgré les critiques et le harcèlement. Suivre ces créatrices, partager leurs contenus et les soutenir est une manière directe de renforcer le mouvement.
3. Répondre aux critiques avec pédagogie et fermeté
Quand des influenceurs ou des figures publiques attaquent le body positive, il est important de rappeler son objectif initial : permettre à chacun d’exister sans être jugé. Il ne s’agit pas de promouvoir un mode de vie, mais bien de lutter contre une discrimination systémique.
4. Être actif sur les réseaux tout en restant vigilant
Les réseaux sociaux sont à la fois un levier de diffusion et un terrain hostile. Il est donc essentiel d’y être présent, de dénoncer les discriminations et de partager des contenus positifs. Toutefois, il faut aussi se protéger du harcèlement et des attaques.
5. Éduquer et sensibiliser sur la grossophobie
Beaucoup de personnes n’ont pas conscience de l’ampleur de la grossophobie et de ses effets. Informer, discuter et sensibiliser autour de soi est un moyen efficace de faire évoluer les mentalités.

Le Body positive est un combat politique !
Contrairement à ce que certains veulent faire croire, le body positive n’est pas un simple mouvement de développement personnel. C’est une révolution sociale et politique, qui vise à déconstruire des normes oppressives et à créer un monde où chacun a sa place.
Les attaques contre le body positive ne sont pas anodines : elles visent à faire taire les voix marginalisées et à maintenir un système où seuls certains corps sont valorisés. C’est pourquoi il est essentiel de continuer à lutter, à s’informer et à résister.
Le combat pour le body positive est loin d’être terminé, mais il repose sur un principe simple et puissant : chaque corps mérite respect et dignité, sans condition. Alors, prêtes à résister ?
Le rôle des médias et des représentations culturelles
Les médias et l’industrie du divertissement jouent un rôle clé dans la diffusion des standards de beauté et la perception des corps. Trop souvent, les personnages gros sont stéréotypés, cantonnés à des rôles comiques ou secondaires. Il est crucial d’exiger une meilleure représentation des corps diversifiés à l’écran, dans la publicité et dans la mode. Soutenir les films, séries et créateurs qui valorisent une véritable diversité est une façon de changer les mentalités à grande échelle.
L’impact du body positive sur la santé mentale
La pression constante pour correspondre aux normes de beauté a un impact direct sur la santé mentale. L’anxiété, les troubles alimentaires et le manque d’estime de soi sont souvent liés à cette quête de perfection imposée par la société. En revendiquant le droit à l’acceptation de soi, le body positive contribue à un mieux-être psychologique, en permettant à chacun de se libérer des injonctions toxiques et de se concentrer sur ce qui compte réellement : être en accord avec soi-même.
Source des images : IA CANVA