La bataille contre les complexes peut être un cercle vicieux qui entrave notre épanouissement personnel. Qu’il s’agisse de se sentir trop gros, trop grand, trop vieux, pas assez cultivé ou excessivement timide, ces complexes sont des obstacles à notre bonheur. Dans cet article, nous aborderons sept complexes répandus et partagerons les conseils pour surmonter la honte associée.
La relation avec le poids
La question du poids, qu’il s’agisse de se trouver trop gros ou de réellement l’être, est particulièrement douloureuse dans une société qui valorise l’apparence et prône la minceur. Les mots prononcés par un parent, un enseignant ou un médecin peuvent ancrer ce complexe dans l’esprit d’une personne. La croyance la plus difficile à déraciner est que la minceur est une qualité supérieure. Bien que les mouvements tels que le « body positive » ou la « neutralité positive » aient apporté des changements, la norme affichée dans les magasins et sur les réseaux sociaux reste un corps mince. Le confinement a exacerbé cette tendance à l’autostigmatisation en multipliant les injonctions contradictoires. Certains ont pris du poids, d’autres ont fait trop de sport, et les plus vulnérables ont passé trop de temps sur les réseaux sociaux à se comparer à des corps irréels.
La solution : changer sa perception de son propre corps
La première étape est de se déconnecter. Supprimer les notifications qui nous rappellent constamment des idéaux de fitness est un conseil utile. Remettre en question les idées reçues est également essentiel. Par exemple, la minceur ne doit pas être équivalente à la beauté, à la santé ou au succès. D’autres époques et cultures ont une vision différente de ces notions. Il est important de se rappeler que l’intelligence, la santé et l’épanouissement ne sont pas mesurés par la balance.
Placer l’alimentation et l’activité physique au centre du plaisir plutôt que de se lancer dans des régimes restrictifs ou des exercices excessifs peut aider. L’hypnose et les thérapies corporelles, telles que la danse-thérapie ou la psychomotricité, permettent de changer la perception de son corps et d’améliorer sa posture. Travailler avec un psychologue peut également aider à comprendre les causes profondes de la prise de poids et à accepter ses contours, quel que soit le poids.
Le rapport à l’âge
Il est difficile de vieillir dans une société qui valorise principalement la jeunesse. Les pressions pour rester performant, conserver une apparence lisse et pulpeuse comme celle affichée dans la publicité et sur les réseaux sociaux sont si fortes qu’il est facile de souffrir de son propre être et de son âge réel.
Malgré les avancées de la médecine esthétique, il est difficile de tromper les autres et soi-même pendant longtemps. Une fois passé 8 ans, certaines personne rentrent dans la décrépitude et de ne plus se reconnaître dans le miroir. C’est un dilemme inhérent au processus de vieillissement qui nécessite un véritable travail intérieur pour se sentir en forme tout en acceptant les transformations du corps. La question qui se pose est : qu’est-ce qui est le plus important ?
La solution : assumer pour accepter
Il est essentiel de trouver des moyens de se plaire à soi-même. Chacun a ses propres astuces pour se reconnaître dans le miroir. L’important est de pouvoir s’aimer et de se sentir bien. Certaines personnes peuvent se sentir mieux en faisant des mèches dans leurs cheveux, en utilisant un peu de Botox ou d’acide hyaluronique, mais il est crucial de se débarrasser de l’idée que les rides sont « mauvaises » et de se rappeler que le visage est extrêmement expressif, avec le sourire et le regard notamment.
Il est nécessaire de se libérer des idées préconçues sur l’âge. Nos parcours de vie ne sont pas linéaires et arithmétiques. Il est plus approprié de les voir comme une série de marches de hauteurs différentes que nous montons et descendons au gré des événements. Chacun peut se sentir plus jeune ou plus vieux à différents moments de sa vie. Il peut être bénéfique d’entreprendre un travail intérieur, éventuellement à travers une psychothérapie courte, pour aborder le processus de vieillissement comme une crise pleine de potentiel, une opportunité de revoir sa vie et d’inventer la suite.
Dépasser les complexes liés à une caractéristique physique
Les petites phrases entendues dans l’enfance peuvent s’accumuler et former un complexe autour d’une caractéristique physique, qu’elle soit réelle ou imaginaire. Les comparaisons avec les autres renforcent ce sentiment de défaut, amplifié par les réseaux sociaux et les influenceurs. Cela peut envahir la vie d’une personne et l’empêcher de vivre pleinement.
La solution : revoir la notion de « défaut »
Il est crucial de prendre du recul par rapport aux normes de beauté imposées par la société. Il faut regarder au-delà de son propre miroir et des images retouchées pour se rendre compte que des traits distinctifs tels qu’un grand nez, une calvitie ou une petite taille peuvent être de véritables atouts de séduction. Il est également important de discuter de ses complexes avec des personnes qui nous aiment pour ce que nous sommes, en évitant les réseaux sociaux.
La chirurgie plastique ne doit pas être rejetée d’emblée, mais il est essentiel de s’assurer que le problème apparent ne cache pas une problématique plus profonde. Il faut éviter de se lancer dans une quête sans fin de perfection.
Une réflexion personnelle est nécessaire, que ce soit avec ou sans l’aide d’un professionnel. Il est important de comprendre pourquoi une caractéristique physique prend autant d’importance dans notre vie. Il peut être utile de rechercher les origines de cette préoccupation, comme une faille narcissique, une phrase blessante ou un nœud psychologique qui génère tant de souffrance.
Changer de perspective est également bénéfique. Il est conseillé de se concentrer sur ses talents et compétences, en compensant les éventuels complexes par des réalisations positives.
Apprivoiser l’hyper-timidité et la haute sensibilité
La timidité excessive et la haute sensibilité peuvent rendre les interactions sociales difficiles et les stimuli environnementaux insupportables. Ces traits peuvent être influencés par des traumatismes passés, des relations familiales difficiles ou une prédisposition naturelle. Des situations apparemment banales de la vie quotidienne peuvent devenir des cauchemars, tandis que les autres semblent les gérer sans problème. C’est ainsi que naît le complexe.
La solution : apprivoiser l’excès
La danse, le chant, le théâtre peuvent aider à apprivoiser le regard des autres dans un environnement sécurisé. Ces pratiques engagent le corps et apaisent le système nerveux, qui a tendance à se mettre en mode défensif. Les activités manuelles telles que le modelage, le jardinage, la pâtisserie ou la cuisine peuvent également être bénéfiques, de même que de longues promenades régulières.
Certaines thérapies qui agissent sur le système nerveux autonome, comme la somatic experiencing ou l’hypnose, peuvent être recommandées en cas de traumatisme. Une enquête sur les secrets de famille peut également être utile pour comprendre les émotions transmises par les générations précédentes.
Pour les personnes ultrasensibles, il est important d’aménager l’environnement et de prévoir des pauses régulières, afin d’éviter une surstimulation constante. Il est également bénéfique de se répéter régulièrement à haute voix des affirmations positives telles que « Je suis très sensible, c’est une qualité, je suis bien comme je suis ». Ce travail d’acceptation de soi permet de mieux gérer l’hyper-timidité et la haute sensibilité, et de vivre une vie plus épanouie.
La dimension professionnelle et les origines
Le fait d’occuper un emploi qui ne correspond pas à nos attentes ou qui ne reflète pas notre identité peut engendrer des complexités dans les interactions sociales. Il arrive parfois que notre ascension sociale ait été couronnée de succès, après de bonnes études par exemple, mais que des vestiges modestes de notre passé persistent. Un accent, une attitude, un sentiment de légitimité remis en question en société… Dans ces moments, la redoutable question devient : « D’où viens-tu ? » Comme si quelque chose en nous laissait supposer que nous ne sommes pas « d’ici ». Certains vont jusqu’à changer leur nom de famille pour se détacher de leurs origines, qu’elles soient étrangères ou jugées « coupables », mais cette approche ne résout généralement pas le « problème ». Le pire, c’est que notre entourage ne se doute souvent de rien.
La solution : valoriser ce que nous sommes
Il est essentiel de changer notre regard sur nous-mêmes et sur les autres. Les métiers les plus ingrats sont souvent les plus indispensables, comme cela a été démontré pendant le confinement où les femmes de ménage et les éboueurs ont été applaudis. Nous pouvons transformer en fierté ce que nous considérons comme une « faille » en cultivant notre accent, en valorisant nos racines, plutôt que de les porter comme des fardeaux.
Il est crucial de se rappeler que notre « être social » ne nous définit pas totalement et d’explorer d’autres aspects de notre identité lors des échanges. Accepter notre situation peut nécessiter un travail sur soi, parfois avec l’aide d’un thérapeute. Les complexes, même d’ordre social, trouvent souvent leurs racines dans l’enfance. Il est important d’examiner ce que nos parents (ou enseignants) nous ont transmis sur la notion de « bonne situation » et de comprendre quelles hontes ils portaient eux-mêmes. En se réappropriant notre histoire, ce qui était inacceptable peut, avec le temps, devenir acceptable. Choisir ses relations avec soin est également crucial. Il est recommandé de sélectionner ses amis, ses amours et les personnes avec qui l’on passe du temps, en évitant celles et ceux que l’on admire ou méprise, et avec qui il est difficile d’être authentique.
L’intime
Les complexes ne se limitent pas aux aspects visibles de notre apparence physique, ils touchent également les zones les plus intimes de notre être. Ne pas être satisfaite de la taille de ses seins, souffrir d’un sentiment d’insécurité lié à la taille du pénis, ressentir de la honte à cause d’un vagin jugé trop large, des petites lèvres jugées pas assez petites ou d’une vulve qui ne correspond pas à nos attentes… Ces complexes sont souvent liés à des représentations de la perfection, en partie influencées par la pornographie, mais également à des changements corporels tels que l’adolescence ou les suites d’une maternité. Ils ont un impact sur notre plaisir et notre relation avec les autres.
Dans la plupart des cas, il y a peu de justifications « objectives » pour recourir à une intervention chirurgicale. La sexologue souligne que la plupart des seins, vulves ou petites lèvres sont tout à fait « standards », de même que la taille du pénis pour la plupart des hommes qui souffrent du « complexe du vestiaire ». Cependant, les comparaisons et les représentations idéalisées dans la pornographie exercent une influence significative.
La solution : évaluer son plaisir
Il est crucial de se réapproprier notre corps et d’apprendre à l’aimer. Cela peut passer par l’apprivoisement de notre regard sur nos seins, notre vulve, en se touchant et en se massant. Il est important de se rappeler que ces zones sont avant tout des sources de plaisir. Éviter d’éviter est également essentiel, en embrassant la nudité, la sexualité orale et la sexualité en général. L’évitement ne fait qu’accentuer les angoisses.
Un travail sur soi, éventuellement avec l’aide d’un professionnel, peut s’avérer bénéfique. Il s’agit d’un travail psychologique visant à accepter la réalité et à sortir des notions de performance et de perfection. Il est crucial de se poser les bonnes questions, notamment en ce qui concerne notre capacité à se faire plaisir dans notre propre vie. Les symptômes sexuels reflètent souvent notre relation plus globale avec les autres, le monde et nous-mêmes.
Il est essentiel de se libérer des conditionnements. Le plaisir n’est pas lié à la taille des seins, du pénis ou des petites lèvres, comme le rappelle la sexologue. Le désir ne se limite pas non plus à un corps ou à une partie du corps, mais inclut la personne qui l’accompagne. À l’exception de la pornographie, le désir englobe l’ensemble de l’individu.
Surmonter le complexe lié aux troubles psychologiques
Peu importe qu’il s’agisse de TOC, de troubles « dys » ou de dépression, le regard des autres suscite une même « honte » lorsqu’il est question de ces problèmes psychologiques. Le psychiatre Frédéric Fanget souligne que toutes les pathologies « psy » ont toujours été associées à une certaine stigmatisation. Même si la crise du Covid a contribué à une certaine banalisation, les troubles psychologiques restent souvent une source de complexe.
La solution : se libérer
Il est important d’apprendre à parler ouvertement de notre problème. Frédéric Fanget suggère un exercice de « dévoilement de soi » consistant à s’entraîner à informer notre entourage de notre condition psychologique ou simplement du fait que nous consultons un psychologue. Il est essentiel de faire une distinction entre notre identité et notre « maladie ».
Je conseille de cesser de se définir à travers la pathologie et propose souvent à ses patients de placer un objet au milieu de la pièce en leur disant : « Regardez, ceci représente votre maladie, ce n’est pas vous ». Il est primordial de relativiser. Il ne s’agit pas de nier le problème, mais plutôt de cesser de considérer la « maladie » comme un ennemi. Il est nécessaire de « dézoomer », de ne plus grossir le problème et d’imaginer que les autres ne le voient que de la même manière. Pour prendre du recul, on peut s’imaginer à une altitude de quatre mille mètres, regardant vers le bas : là en bas, sur le sol, se trouve notre complexe, une petite tache noire, entourée de tout le reste qui nous compose. Prendre de la distance est souvent bénéfique ! Il est important de faire confiance au regard des autres.
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