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L’histoire du suffrage féminin est celle d’un combat pour l’égalité. Mais certaines femmes ont dû affronter une double peine. Pendant que les suffragettes brisaient les barrières du patriarcat, les femmes rondes faisaient face à un autre obstacle : celui de l’invisibilisation.

Une lutte pour l’égalité, mais à quel prix ?

La société patriarcale a toujours imposé des standards stricts. Les suffragettes, en cherchant à convaincre les hommes de leur légitimité politique, ont parfois perpétué ces normes. La femme idéale était mince, digne et résolue. Les figures emblématiques du mouvement étaient souvent des femmes correspondant aux canons de beauté de l’époque. Mais où étaient les femmes rondes dans ce combat ?

Les rares portraits de suffragettes rondes montrent qu’elles étaient bien présentes. Pourtant, elles ont souvent été mises de côté, jugées trop exubérantes ou peu représentatives du « modèle » féminin défendu par le mouvement. Elles devaient non seulement se battre pour leurs droits politiques, mais aussi pour leur légitimité en tant que femmes dignes d’avoir une voix.

Femmes rondes féministes

Les caricatures et la grossophobie

Les journaux de l’époque caricaturaient souvent les suffragettes en leur attribuant des traits exagérés. Une façon d’attaquer leur crédibilité. Les femmes rondes, déjà moquées dans la société, étaient encore plus exposées à ce type de ridiculisation. Leur physique était un prétexte pour les discréditer. Le message était clair : comment une femme ne correspondant pas aux standards pourrait-elle être prise au sérieux politiquement ?

Les attaques ne se limitaient pas aux journaux. Dans certains cercles militants, l’apparence était aussi un critère de respectabilité. Les femmes rondes devaient non seulement prouver leur engagement, mais aussi lutter contre l’idée qu’elles n’avaient pas la discipline suffisante pour représenter la cause féminine. Un double fardeau qui les rendait encore plus vulnérables aux critiques.

féministe femme ronde

Les figures oubliées du suffrage

Certaines suffragettes rondes ont pourtant joué un rôle clé. On pense à Elizabeth Cady Stanton, une figure majeure du droit de vote féminin aux États-Unis. Contrairement à Susan B. Anthony, souvent présentée comme l’icône parfaite, Stanton était plus ronde et subissait des critiques sur son apparence. Mais cela ne l’a pas empêchée de mener des conférences, écrire des discours et faire avancer la cause des femmes.

En Europe, d’autres militantes ont dû faire face aux mêmes préjugés. Plusieurs femmes engagées dans les mouvements suffragistes ont été exclues des discussions publiques ou reléguées à des rôles secondaires, car leur apparence ne correspondait pas aux standards établis par la société bourgeoise de l’époque.

vote des femmes rondes

Une évolution incomplète

Au fil du temps, la mode et la culture ont continué à renforcer l’idée que la féminité était synonyme de minceur. Les mouvements pour les droits des femmes ont eux-mêmes parfois entretenu cette image. Dans les années 1960 et 1970, le féminisme mettait en avant des figures comme Gloria Steinem ou Simone de Beauvoir, souvent perçues comme sveltes et élégantes. Les femmes rondes, elles, étaient encore une fois en marge du mouvement.

Le combat pour l’égalité des sexes a fait des progrès, mais celui pour la diversité des corps reste à mener. Il a fallu attendre les années 1990 et 2000 pour que la question de la grossophobie soit abordée par les féministes. Les nouvelles générations militent pour une véritable inclusion. Elles rappellent que toutes les femmes, quelles que soient leurs formes, méritent d’avoir une place dans la société et dans les luttes politiques.

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Des voix nouvelles pour l’inclusion

Aujourd’hui, des figures comme Lizzo ou Ashley Graham réclament plus de représentation. Elles ne se contentent pas de briser les codes de la beauté, elles exigent aussi que la parole des femmes rondes soit entendue sur tous les sujets : politique, économie, société. La lutte pour l’égalité ne doit pas exclure celles qui ne rentrent pas dans les normes physiques.

Les réseaux sociaux ont aussi permis une libération de la parole. De nombreuses militantes rondes y partagent leurs expériences et dénoncent les discriminations qu’elles subissent. Ce mouvement pousse les médias et les institutions à revoir leurs représentations et à ouvrir leurs espaces à une diversité plus large.

grosses femmes féministes

Une reconnaissance en cours

Si les avancées sont notables, il reste du chemin à parcourir. Les grandes figures du féminisme doivent intégrer davantage la lutte contre la grossophobie dans leurs combats. Les représentations médiatiques des femmes engagées doivent inclure toutes les morphologies.

Les écoles et les universités pourraient aussi jouer un rôle clé en enseignant une histoire plus inclusive du suffrage féminin. Mettre en avant des figures oubliées, reconnaître les obstacles spécifiques rencontrés par certaines militantes, et valoriser la diversité des corps sont des étapes essentielles vers un féminisme réellement universel.

La lutte pour le suffrage a permis aux femmes d’obtenir une voix politique. La lutte pour la reconnaissance des femmes rondes doit permettre de briser une nouvelle barrière : celle de la légitimité physique et sociale. Il est temps d’affirmer que toutes les femmes comptent, sans exception.

Source des images : CANVA

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