Dans une société où la quête de la silhouette parfaite reste omniprésente, le mouvement body positive nous rappelle que chaque corps est digne d’amour. Il ne s’agit plus de se conformer à des canons figés, mais de cultiver l’acceptation de soi et de célébrer la diversité corporelle. Les sept films qui suivent déclinent cette philosophie à travers des histoires touchantes et universelles.
I Feel Pretty : la force du regard sur soi
Sorti en 2018 et réalisé par Abby Kohn et Marc Silverstein, “I Feel Pretty” suit Renée, une femme ordinaire qui voit sa confiance en elle frôler le néant. Tous les jours, elle se sent « trop ceci » ou « pas assez cela », prisonnière de ses complexes. Jusqu’à ce qu’une chute à la salle de sport provoque un déclic inattendu : en se réveillant, Renée se voit comme la plus belle femme du monde. Même si son corps n’a pas changé, son attitude, elle, se transforme complètement.
Ce changement de regard bouleverse son quotidien : elle ose s’habiller selon ses envies, postule à des postes qu’elle n’aurait jamais envisagés, et fait valoir ses idées sans trembler. Cette nouvelle assurance dérange autant qu’elle inspire. Le film, parfois caricatural, met pourtant le doigt sur une vérité essentielle : l’estime de soi agit comme un miroir sur lequel se reflète le monde extérieur. En fin de compte, “I Feel Pretty” nous enseigne que l’acceptation de son propre corps peut illuminer chaque aspect de la vie, indépendamment de tout critère esthétique normé.
Little Miss Sunshine : l’enfance face aux diktats
“Little Miss Sunshine” (2006) est une comédie dramatique réalisée par Jonathan Dayton et Valerie Faris. On y découvre la famille Hoover, unie malgré ses bizarreries, embarquant dans un van délabré pour accompagner la petite Olive à un concours de mini-miss. Olive, loin des standards de beauté imposés par ces compétitions, se révèle pourtant pleine de détermination. Son charme réside dans sa spontanéité : elle danse comme elle respire, rit de bon cœur et ne se soucie pas d’être « suffisamment » élégante ou mince.
Le point culminant se situe lors du fameux concours, où Olive livre une performance décalée qui symbolise l’innocence face aux apparences artificielles. Cette scène, drôle et touchante, illustre la pression dont sont victimes même les enfants, exposés aux codes d’une beauté standardisée. À travers la singularité d’Olive, le film nous rappelle l’importance de préserver notre authenticité. Dans un monde obsédé par l’image, “Little Miss Sunshine” célèbre la différence et encourage chacun à ne pas renoncer à son originalité, quitte à bousculer les conventions.
Dumplin’ : braver le jugement et briller
Réalisé par Anne Fletcher et adapté du roman de Julie Murphy, “Dumplin’” (2018) met en scène Willowdean, dite « Will », une adolescente ronde dont la mère fut une reine de beauté locale. Interprétée par Jennifer Aniston, cette mère perpétue le culte de l’apparence en organisant chaque année un concours de Miss Teen Bluebonnet. Will, lassée d’être moquée et réduite à son surpoids, s’inscrit à la compétition pour défier les stéréotypes et prouver que la beauté ne se cantonne pas à une taille de vêtement.
Sa démarche, d’abord teintée de provocation, réveille un élan collectif. D’autres jeunes filles, toutes jugées « inadaptées » aux critères officiels, se lancent dans l’aventure. Ensemble, elles rebattent les cartes d’un univers cloisonné, démontrant que l’assurance et la solidarité peuvent renverser les codes établis. Will découvre alors que sa vraie force réside dans l’acceptation sincère de son corps, et non dans la quête d’un idéal formaté. “Dumplin’” offre une galerie de personnages attachants, chacun apportant un témoignage fort sur la nécessité de s’émanciper du regard d’autrui. Film produit par Netflix.
Precious : la quête d’une dignité inconditionnelle
Sorti en 2009 sous la direction de Lee Daniels, “Precious” est un drame poignant. L’héroïne, Claireece « Precious » Jones, est une jeune fille de 16 ans vivant à Harlem dans une extrême précarité. En surpoids, analphabète, victime d’inceste et de maltraitances, elle incarne l’exclusion sous toutes ses formes. Aux yeux de la société, elle cumule les « défauts » et se sent condamnée à l’invisibilité.
Pourtant, une lueur d’espoir naît au fil de rencontres salvatrices : une enseignante patiente, des camarades solidaires, des assistant·e·s sociaux qui croient en sa valeur. Precious apprend doucement à se détacher du regard destructeur de sa mère et à envisager un avenir où elle pourrait se sentir aimée et respectée. Sa progression est lente et chaotique, mais elle illustre la force vitale qui sommeille même dans les situations les plus sombres. Sur le plan du body positive, “Precious” montre qu’aimer son corps est indissociable d’un combat plus vaste pour la dignité humaine. Son histoire, rugueuse et bouleversante, rappelle combien l’entourage et l’éducation peuvent aider à briser les chaînes d’une estime de soi brisée.
Tall Girl : se réconcilier avec sa différence
Produite par Netflix et sortie en 2019, “Tall Girl” prend pour héroïne Jodi, une adolescente de 16 ans mesurant plus d’1 mètre 85. Dans un lycée où la moindre originalité devient sujet de moquerie, Jodi complexe terriblement sur sa taille. Elle tente de passer inaperçue, courbant les épaules et évitant les interactions qui la placeraient sous les feux des critiques.
Le récit bascule quand Jodi croise Stig, un étudiant d’échange suédois encore plus grand qu’elle, qui lui fait réaliser qu’assumer sa morphologie pourrait être libérateur. Au contact de son entourage, et notamment de sa meilleure amie, Jodi apprend à se tenir droite – littéralement et métaphoriquement – pour revendiquer son identité. Certes, “Tall Girl” se présente comme une comédie pour ados légère, mais elle souligne un point majeur : tout comme être « trop ronde » ou « trop maigre », être « trop grand·e » peut devenir un fardeau quand la société s’acharne à définir la normalité. Jodi découvre que dépasser ses craintes est la première étape pour s’ouvrir aux autres et enfin s’accepter pleinement.
Patti Cake$ : la voix de la rébellion créative
En 2017, Geremy Jasper réalise “Patti Cake$”, un film où la musique rap devient un canal d’expression pour Patricia, alias « Killa P ». En surpoids, issue d’un milieu modeste, Patricia peine à se faire une place dans la petite ville du New Jersey où elle vit, coincée entre des petits boulots et une mère démissionnaire. Pour beaucoup, son gabarit et son allure ne cadrent pas avec l’image stéréotypée de la scène musicale.
Au lieu de se laisser abattre, Patricia s’engouffre dans la création : elle écrit des punchlines inspirées de sa colère et de ses rêves, et se produit avec une conviction étonnante. Soutenue par quelques proches, notamment sa grand-mère, elle se forge peu à peu une confiance inébranlable. “Patti Cake$” célèbre ainsi un autre aspect du body positive : l’art permet de transformer nos vulnérabilités en une force motrice. À travers le rap, Patricia apprend à s’estimer, à ne plus s’excuser d’être différente. Le film démontre qu’une passion sincère peut nous libérer du poids des normes, offrant une leçon précieuse : se réapproprier sa voix est parfois le chemin le plus sûr vers l’acceptation de son corps.
Isn’t It Romantic : l’utopie décalée d’une rom-com body positive
Porté par Rebel Wilson et réalisé par Todd Strauss-Schulson, “Isn’t It Romantic” (2019) joue la carte de la satire. Natalie, une architecte enrobée et désillusionnée, grandit en se disant qu’elle n’aura jamais droit à la féerie d’une comédie romantique, faute de correspondre aux héroïnes longilignes d’Hollywood. Après un incident dans le métro, elle se réveille dans un univers totalement idéalisé, digne de ces films qu’elle détestait. Décors pastel, musique guimauve, voisins caricaturaux : tout y est, jusqu’au beau gosse riche et musclé qui tombe sous son charme.
Si l’intrigue est légère, elle interroge néanmoins la représentation de la femme ronde dans la culture populaire. Natalie se rend compte que son principal obstacle n’est pas vraiment son physique, mais la façon dont elle a intériorisé un discours de dévalorisation. Le film, en empruntant tous les codes de la rom-com pour mieux les déconstruire, délivre un message simple : chacun·e mérite une histoire d’amour, quels que soient son poids ou son apparence. Rebel Wilson, par son humour et son autodérision, nous invite à repenser la notion de “princesse du grand écran”, que l’on croyait réservée à un stéréotype très codifié.
S’inspirer et pratiquer le body positive
Ces films ne sont pas que divertissement : ils suscitent une réflexion sur notre rapport au corps. Pourquoi ne pas organiser une soirée entre amis pour en visionner un et échanger sur vos ressentis ? Le body positive s’incarne dans des gestes simples : se parler avec bienveillance, s’entourer de personnes qui valorisent la diversité et s’inspirer d’exemples éloquents. Au fil du temps, cette démarche consolide la confiance en soi et révèle la beauté plurielle qui existe en chacun. Même un petit geste comme complimenter un proche ou refuser de critiquer votre propre reflet devant le miroir peut créer une dynamique positive et revalorisante au quotidien. Vraiment.
Source de l'image de couverture : IA CANVA