En France, la lutte contre la grossophobie prend de l’ampleur depuis quelques années, notamment grâce à des figures médiatiques et des collectifs engagés. Parmi ces collectifs, Gras Politique occupe une place centrale. Fondé par Daria Marx et Eva Perez-Bello (entre autres), il se donne pour mission de déconstruire les discriminations liées au poids, de soutenir les personnes grosses et de sensibiliser le public à la réalité de la grossophobie.
Dans cet article, nous explorerons l’histoire de Gras Politique, ses actions, ses revendications et l’impact qu’il a déjà eu sur le paysage militant français. Nous verrons également comment s’engager aux côtés de cette association peut contribuer à faire changer les mentalités et à ouvrir la voie à une société plus inclusive.
Genèse de Gras Politique
De l’initiative personnelle à la structuration collective
L’association Gras Politique est née de la volonté de plusieurs militantes, parmi lesquelles Daria Marx et Eva Perez-Bello, de créer un espace d’entraide et de mobilisation pour les personnes grosses. Le déclic est souvent venu d’expériences personnelles de discriminations : refus d’embauche, remarques humiliantes chez le médecin, difficulté à trouver des vêtements à sa taille, etc.
Au départ, les échanges se déroulaient surtout sur des blogs et les réseaux sociaux. Peu à peu, la nécessité de se structurer s’est imposée afin de peser davantage dans le débat public et de proposer des actions concrètes.
Une approche résolument militante
Contrairement à d’autres mouvements qui mettent l’accent sur l’acceptation de soi ou la sensibilisation bienveillante, Gras Politique adopte un ton plus frontal et revendicatif. L’idée est de considérer la grossophobie comme une oppression systémique et de dénoncer la responsabilité des médias, des institutions et de l’industrie du régime.
Les objectifs et les valeurs de l’association
Gras Politique se donne plusieurs objectifs :
- Visibiliser les problèmes rencontrés par les personnes grosses : à travers des témoignages, des articles, des interventions médiatiques.
- Lutter contre toutes les formes de discrimination liées au poids : qu’elles soient institutionnelles (accès aux soins, emploi, etc.) ou interpersonnelles (harcèlement, moqueries, etc.).
- Fournir un espace de soutien : groupes de discussion, ateliers, rencontres, etc., où les personnes grosses peuvent partager leur vécu et trouver des ressources.
- Interroger les normes esthétiques : montrer que la minceur comme « standard » est une construction culturelle, historiquement et géographiquement située.
Les actions phares de Gras Politique
Les campagnes de sensibilisation
Gras Politique mène régulièrement des campagnes sur les réseaux sociaux pour dénoncer les discours grossophobes et valoriser les corps ronds. On y trouve :
- Des hashtags spécifiques pour inciter les gens à raconter leurs expériences (par exemple, #JeSuisGros) ;
- Des « marathons » de tweets ou de posts Facebook visant à interpeller des personnalités publiques ou des marques qui perpétuent des stéréotypes.
Les ateliers et conférences
L’association organise des ateliers sur la grossophobie, notamment pour former les professionnel·le·s de la santé, de l’éducation ou des ressources humaines. Le but est d’expliquer ce qu’est la grossophobie, comment elle se manifeste et comment la prévenir dans son environnement professionnel ou scolaire.
Les conférences publiques et les participations à des tables rondes sont également l’occasion de sensibiliser un large public à la question du poids et de la discrimination.
Les interventions médiatiques
Plusieurs membres de Gras Politique sont régulièrement invité·e·s à s’exprimer dans des émissions télé, des podcasts ou des journaux. Cela permet de porter le message anti-grossophobie dans des espaces où il était longtemps resté invisible. Les interventions insistent souvent sur le caractère systémique de la discrimination et dénoncent la responsabilité de la culture du régime dans l’entretien de cette oppression.
Les revendications politiques et institutionnelles
Au-delà de la sensibilisation, Gras Politique formule des revendications plus concrètes, comme :
- La reconnaissance juridique de la grossophobie : que la discrimination liée au poids soit intégrée dans le droit français, au même titre que d’autres motifs (sexe, orientation sexuelle, handicap, etc.).
- Une meilleure formation des professionnel·le·s de santé : pour éviter les discours culpabilisants et maltraitants, et favoriser une approche plus bienveillante de la prise en charge du poids.
- La diversification des tailles dans l’habillement : mettre fin à l’exclusion systématique des personnes grosses dans les magasins de vêtements « mainstream ».
- L’accès à l’emploi : encourager les employeurs à lutter contre les préjugés qui conduisent à ne pas embaucher ou à sous-estimer une personne grosse.
L’impact sur le débat public
Une visibilité accrue de la grossophobie
Gras Politique a contribué, avec d’autres associations et personnalités, à faire émerger la notion de « grossophobie » dans le débat public français. Alors qu’il y a quelques années, le mot était encore méconnu, on voit aujourd’hui des articles de presse, des reportages et des débats télévisés qui l’emploient couramment.
Des résistances et des polémiques
Comme tout mouvement militant, Gras Politique se heurte à des oppositions. Certains critiquent l’angle jugé trop « radical » de l’association, estimant qu’elle minimiserait les enjeux de santé liés au surpoids et à l’obésité. Les militantes répondent en soulignant qu’elles ne nient pas l’importance de la santé, mais contestent la réduction de la santé à la seule variable du poids et dénoncent la violence symbolique exercée sur les personnes grosses.
Les avancées législatives ?
Pour l’instant, la grossophobie n’est pas encore reconnue en tant que discrimination à part entière dans le droit français. Néanmoins, la multiplication des débats et la pression médiatique exercée par Gras Politique et d’autres acteurs pourraient, à terme, faire évoluer les mentalités des décideurs politiques.
Comment soutenir et s’engager ?
Adhérer à l’association
Il est possible de devenir membre de Gras Politique ou de faire un don pour financer leurs actions. En tant qu’adhérent·e, on peut aussi participer à la vie de l’association, proposer des projets ou animer des ateliers.
Participer aux campagnes et événements
Suivre Gras Politique sur les réseaux sociaux permet de se tenir informé·e des actions en cours et des événements (manifestations, stands, ateliers). Partager leurs publications ou relayer leurs campagnes est un moyen simple de soutenir la cause et de diffuser l’information.
Sensibiliser son entourage
Être vigilant·e aux commentaires grossophobes, aux blagues discriminantes ou aux injustices rencontrées dans la vie quotidienne est déjà un acte militant. En parler autour de soi, au travail ou en famille, contribue à faire reculer la banalisation de la grossophobie.
Soutenir d’autres collectifs et initiatives
Gras Politique n’est pas la seule association engagée contre la grossophobie en France. D’autres initiatives, sites et militants œuvrent dans la même direction. En s’informant et en restant ouvert·e à la collaboration, on peut renforcer l’impact collectif.
Les défis à venir
Malgré des avancées notables en termes de visibilité, la grossophobie reste largement ancrée dans la société française. Les défis auxquels fait face Gras Politique sont multiples :
- Institutionnaliser la lutte : faire en sorte que la question du poids soit prise en compte dans les politiques publiques (éducation, santé, travail).
- Élargir le champ d’action : mieux intégrer les questions intersectionnelles (comme le racisme ou le validisme) et toucher un public encore plus large.
- Faire face aux trolls et au cyberharcèlement : comme beaucoup de mouvements militants, Gras Politique est régulièrement la cible d’attaques violentes en ligne.
Gras Politique incarne une voix forte et nécessaire dans le panorama militant français. À travers son discours direct, ses actions concrètes et ses revendications politiques, l’association remet en cause un ordre social qui, depuis des décennies, marginalise les personnes grosses et les somme de changer leur corps pour être acceptées.
Bien sûr, la route reste longue : la grossophobie ne se déconstruit pas du jour au lendemain, d’autant qu’elle est alimentée par de puissants intérêts économiques (industrie du régime, médias sensationnalistes, etc.). Cependant, le travail de sensibilisation et de lobbying effectué par Gras Politique contribue d’ores et déjà à rendre visible une oppression longtemps ignorée.
S’engager aux côtés de ce collectif, c’est s’inscrire dans un mouvement plus large de remise en cause des normes esthétiques et d’exigence d’équité pour tous les corps. Que ce soit via l’adhésion, la participation à des événements ou simplement la diffusion de leurs messages, chacun·e peut participer, à son échelle, à une société où le poids ne déterminerait plus la valeur d’un individu. Cliquez ici pour découvrir le site de l’association.
Source image de couverture : https://www.facebook.com/photo/?fbid=267233105678334&set=a.267233065678338&locale=uk_UA