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La grossophobie pèse sur la vie de millions de personnes. Ce terme décrit l’ensemble des discriminations et des préjugés dirigés contre les individus considérés comme trop gros ou en surpoids. Dans la rue, au travail, dans les transports, ces stigmatisations se glissent partout. Elles s’accompagnent de regards méprisants, de remarques blessantes ou de jugements permanents. Beaucoup de victimes en souffrent en silence. D’autres cherchent des espaces pour s’exprimer et être entendues.

Les réseaux sociaux ont permis de libérer une parole longtemps étouffée. Sur Instagram en particulier, de nombreux comptes s’élèvent contre la grossophobie. Ils invitent à repenser la place accordée aux corps ronds et à reconnaître leur diversité. Les réseaux montrent comment les normes dominantes excluent, comment les mentalités doivent changer. Ils proposent aussi un soutien moral à toutes les personnes qui ressentent de la honte ou de la culpabilité face à leur apparence.

Les marques, souvent, participent à cette stigmatisation. Certaines ne vont pas au-delà du 42 ou du 44. D’autres créent des campagnes publicitaires qui ne valorisent que des silhouettes filiformes. Les lieux publics, eux aussi, manquent d’accessibilité. Les sièges d’avion, les strapontins, les chaises serrées dans un restaurant. Tout cela peut sembler anodin pour certains, mais quand on a un corps volumineux, le monde est semé d’obstacles. Chaque sortie se transforme en véritable défi. Chaque regard peut devenir une source d’angoisse.

grossophobie Instagram

La grossophobie au quotidien : un fléau sous-estimé

La discrimination ne se limite pas à l’espace public ou à la mode. Elle s’infiltre au travail, où les remarques sur l’apparence sont fréquentes. Elle surgit dans la famille, lorsque des proches insistent pour que la personne « fasse un régime » ou « fasse un effort » pour entrer dans tel vêtement. La grossophobie se manifeste dans le milieu médical, avec des médecins qui considèrent le poids comme le seul facteur d’un problème de santé. Les injonctions à maigrir sont parfois constantes et culpabilisantes.

Les conséquences psychologiques sont lourdes. Anxiété, stress, perte de confiance en soi. Certains finissent par éviter les soins médicaux. D’autres cherchent des solutions draconiennes pour tenter de correspondre à ce que la société exige. En parallèle, on voit naître des courants de pensée qui incitent à l’ouverture et à la compréhension. Le mouvement « Body Positive » s’est imposé sur les réseaux sociaux. Il prône l’acceptation de toutes les morphologies et la célébration des singularités. Mais même dans ce mouvement, les corps très gros demeurent souvent invisibles.

Des démarches inclusives encore trop timides

Trop de marques se disent inclusives sans l’être vraiment. Trop de discours s’arrêtent à la simple idée de tolérance. On oublie que les personnes grosses ne cherchent pas uniquement à être « tolérées ». Elles souhaitent une égalité de droits, de traitements et de représentations. Des activistes se regroupent sous la bannière du Fat Acceptance. Ils rappellent que « gros » n’est pas une insulte. Ils invitent à déconstruire l’association automatique entre gros et malade, ou gros et paresseux. Ces comptes Instagram rappellent que l’obésité peut être liée à des facteurs génétiques, environnementaux ou psychologiques. Ils rappellent aussi qu’il existe des personnes grosses qui ne souffrent d’aucun problème de santé particulier.

grossophobie post instagram

Instagram : espace d’expression et de résistance

Sur Instagram, plusieurs comptes militent au quotidien pour faire entendre ces revendications. Ils offrent à leurs abonnés des espaces de dialogue. Ces profils partagent des expériences, des analyses, des conseils pour mieux vivre dans un monde qui juge. Ils informent aussi sur les initiatives associatives et les projets artistiques liés à l’inclusivité. Derrière chaque compte, il y a un parcours. Il y a souvent une personne qui a traversé les méandres de la discrimination et qui souhaite aider les autres.

@stopgrossophobie est l’un de ces comptes francophones très suivis. Sa créatrice, Shérazade Leksir, parle sans détour de la réalité de la grossophobie. Elle raconte les agressions, les petites phrases qui blessent, les refus implicites de considérer les gros comme des citoyens à part entière. Shérazade propose aussi des pistes pour amorcer un changement personnel et mieux comprendre les racines de cette discrimination. Elle a publié un livre qui détaille son cheminement et qui vise à aider toutes celles et ceux qui se sentent mal à l’aise dans leur corps. Ses propos sont souvent engagés. Parfois percutants. Elle espère que son témoignage offrira de l’espoir et déclenchera une réflexion critique.

@corpscools est un autre espace où l’accent est mis sur la visibilité des gros. Ses publications partagent des photographies, des œuvres d’art, des réflexions personnelles. L’idée est de briser les codes esthétiques dominants et de montrer que les corps ronds sont beaux, désirables, dignes d’être célébrés. Le compte relaie régulièrement des témoignages de personnes en surpoids ou obèses qui racontent leurs expériences de discrimination. Les images postées mettent en valeur des morphologies diverses. On y voit des ventres arrondis, des cuisses généreuses, des bras pleins. On y voit aussi de la joie, de la fierté, de la bienveillance.

La dynamique militante de @graspolitique

Le collectif @graspolitique se positionne sur un volet plus militant. Il ne s’agit pas seulement de partager des photos ou des récits individuels. Il s’agit de porter ce combat au niveau des institutions. Ce collectif féministe et queer souhaite interpeller les candidats politiques pour que la question de la grossophobie soit évoquée dans les programmes électoraux. Il organise des réunions, des tables rondes, des ateliers. De plus, il invite toutes les personnes concernées à témoigner et à se soutenir mutuellement. Il dénonce la violence médicale, la culpabilisation constante, la multiplication des régimes. Il rappelle que la santé ne se résume pas à un chiffre sur une balance.

@corpsgros, de son côté, est tenu par une canadienne qui dévoile avec honnêteté ses joies et ses peines. Elle parle de son rapport à la nourriture, de ses vêtements, de ses amours, de ses frustrations lorsqu’elle se sent jugée. Mais aussi, dénonce la condescendance de certaines marques qui prétendent ouvrir une gamme plus-size alors qu’elles ne vont pas au-delà du 46. Elle salue les initiatives vraiment inclusives. Elle rappelle que le mot « gros » peut être revendiqué, qu’il peut cesser d’être vécu comme une insulte. Il peut devenir un simple adjectif descriptif, sans charge péjorative.

La valorisation des corps ronds : portraits et fierté

Dans un registre plus personnel, @davidvenkatapen incarne un modèle masculin grande taille. Son compte présente une esthétique soignée, des images de shootings qui valorisent la silhouette. Il s’affiche avec fierté, évoque ses collaborations, défend l’idée que la mode doit s’ouvrir à tous. David tente de combattre le cliché selon lequel la beauté masculine serait forcément associée à la minceur ou à la musculature sèche. Il souhaite prouver que l’on peut être mannequin, aimer son reflet, et porter des vêtements stylés même au-delà des standards habituels.

On retrouve la même démarche chez @barbarabutch, DJ et militante qui emploie son énergie pour éveiller les consciences. Elle se produit en soirée, propose des mix électro, et arbore ses formes sans complexe. L’artsite a beaucoup communiqué sur la nécessité de rendre les boîtes de nuit accessibles aux personnes grosses, que ce soit par l’agencement de l’espace ou le regard du public. Elle insiste aussi sur l’importance de la représentation dans le milieu de la nuit. Les gens ont besoin de voir des artistes pluriels, aux morphologies différentes, pour se sentir légitimes.

La chanteuse américaine @lizzobeeating, de son côté, jouit d’une aura internationale. Elle a fait de son corps un emblème. Lizzo dénonce les stéréotypes qui associent la grosseur à la laideur. Elle danse, chante, joue de la flûte, poste des vidéos où elle assume fièrement ses rondeurs. Ses clips musicaux débordent d’énergie, de liberté, de paillettes. Elle encourage ses fans à s’aimer, à danser malgré les critiques. Sur scène, elle affiche sa détermination à combattre les standards oppressifs. Son succès planétaire montre que le public est prêt à accueillir une artiste qui ne rentre pas dans les cases habituelles.

Le rôle de @beauteronde pour la mode inclusive

En France, @beauteronde propose aussi des contenus qui valorisent les silhouettes généreuses. Ce compte aborde la mode pour femmes rondes, la confiance en soi et la recherche de vêtements adaptés. Elle partage parfois les événements ou les initiatives qui célèbrent la diversité corporelle. Beauteronde invite les abonnées à poser un regard bienveillant sur leurs formes, à oser les couleurs ou les coupes audacieuses. Elle suit l’actualité de marques plus-size et tente de montrer qu’une autre approche de la beauté est possible. Elle met en lumière des entrepreneurs et créateurs qui misent sur la singularité des corps. BeauteRonde rappelle qu’il existe une multiplicité de silhouettes et autant de façons d’être sublime.

Vers une prise de conscience collective

Le rapport au corps ne concerne pas seulement la question de l’apparence. Il implique aussi le bien-être psychique, la sexualité, la santé globale. Les discours grossophobes créent un climat de honte qui peut perturber l’épanouissement personnel. Beaucoup de gens intériorisent ces reproches et développent une peur du jugement constant. Les réseaux sociaux, quand ils sont bien utilisés, permettent de casser cet isolement. Les comptes militants encouragent les échanges, la libre expression, l’entraide. Ils fournissent des conseils pratiques pour répondre à des commentaires malveillants, pour expliquer la grossophobie à des proches ou pour se documenter.

Certains évoquent la notion de privilège mince. Ils soulignent que les personnes minces n’ont pas à se soucier de la largeur d’un siège ou du regard méprisant de la société. Ils rappellent qu’il faut prendre conscience de ces inégalités pour mieux y remédier. Plusieurs influenceurs invitent d’ailleurs leurs abonnés à réfléchir à leurs comportements. A-t-on déjà fait une remarque blessante sur le poids d’un proche. Mais aussi, a-t-on déjà considéré la grosseur comme un signe d’échec personnel. A-t-on déjà ri devant une caricature de corps rond. Ces questions sont essentielles pour amorcer un changement profond.

Des actions concrètes en ligne et dans la vie réelle

Sur Instagram, des initiatives politiques naissent autour du hashtag #fatacceptance. Certains organisent des lives pour débattre de l’accessibilité dans les lieux culturels ou sportifs. D’autres interpellent des hommes politiques sur la dimension systémique de la grossophobie. Ils réclament des lois ou des réglementations afin de garantir une protection plus claire contre cette forme de discrimination. Ces groupes rappellent que la mention de l’apparence physique est parfois absente des textes juridiques traitant des inégalités. Ils exigent un engagement clair des responsables publics, une prise en compte concrète de ces réalités dans l’espace urbain, à l’hôpital, dans les transports.

Les approches varient, mais le fil rouge demeure le même. Il s’agit de reconnaître la dignité de tous les corps, de cesser de pointer du doigt les personnes grosses comme des individus défaillants. Il s’agit de célébrer la diversité corporelle non pas comme un concept à la mode, mais comme un fait incontournable de la société. Les personnes rondes, obèses, en surpoids, existent. Elles ont le droit de se déplacer, de s’habiller, de travailler, d’aimer, de danser, de pratiquer un sport, sans devoir subir un flot de critiques. Les femmes rondes ont le droit de parler de leur vécu et d’être crues. Elles ont le droit d’être représentées dans les médias sans tomber dans la caricature.

Un avenir libéré des diktats minceur

Beaucoup de ces comptes Instagram insistent sur la dimension collective de la lutte. On ne change pas une mentalité ancrée en un jour. On ne détruit pas des décennies de diktats minceur avec quelques posts. Il faut une mobilisation large, une solidarité constante et une volonté politique forte. Les influenceurs ont un rôle important, car leurs messages se diffusent vite. Mais chacun, à son échelle, peut contribuer au mouvement. En soutenant les personnes victimes de grossophobie et en évitant de relayer des blagues humiliantes. En faisant pression sur les marques pour obtenir des tailles plus étendues. Mais aussi, en réclamant des sièges adaptés dans les avions ou les trains. En signalant des contenus haineux sur les réseaux. En parlant de ces sujets dans la sphère familiale ou amicale.

Les médias traditionnels commencent à accorder plus d’espace à ces problématiques. Des documentaires sont produits. Des émissions invitent des militantes du Fat Acceptance et enfin, des journalistes se penchent sur la question. Il reste un chemin immense à parcourir, mais la visibilité progresse. Les réseaux sociaux continuent de jouer un rôle clé dans cette prise de conscience. Ils offrent une plateforme gratuite et accessible à toute personne souhaitant se mobiliser. Ils permettent aussi de créer des liens, de trouver du réconfort, de rencontrer des gens partageant les mêmes préoccupations.

Dans ce contexte, il est essentiel de mettre en avant tous ceux et celles qui agissent pour déconstruire la grossophobie. Les comptes mentionnés ici en sont de bons exemples, mais il en existe beaucoup d’autres. Chacun apporte une histoire, une perspective, une méthode d’action. Cette pluralité est une richesse. Certaines militantes privilégient l’humour. D’autres misent sur la pédagogie. D’autres encore optent pour la confrontation directe. Mais toutes tendent vers le même objectif. Faire en sorte que les personnes grosses cessent d’être pointées du doigt. Faire en sorte qu’elles s’épanouissent librement, sans avoir à se justifier.

Un combat collectif et continu

La grossophobie est une forme de discrimination qui, trop longtemps, est passée sous silence. Les réseaux sociaux ont facilité l’émergence d’un mouvement plus vaste, plus visible, plus audible. Les victimes ne sont plus seules. Les alliés se font plus nombreux. Les comptes Instagram engagés constituent une force collective. Ils témoignent, informent, contestent, soutiennent. Ces profils rappellent que la grosseur n’est pas un défaut. Ils soulignent que chacun possède des droits fondamentaux, dont celui de circuler et de vivre sans harcèlement, sans honte, sans injonction perpétuelle à maigrir.

Le combat est loin d’être terminé. Mais grâce à cette vague de prises de parole, la grossophobie est désormais reconnue comme un problème sociétal majeur. La balle est dans le camp des décideurs, des médias, des créateurs de mode, et de chacun d’entre nous. Le changement passe par les lois, mais aussi par la culture, la représentation, la bienveillance quotidienne. Chacun peut jouer un rôle, sur Instagram ou ailleurs, pour construire une société plus inclusive, où tous les corps ont leur place.

Sources des images : CANVA, Instagram

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