Le body positive a longtemps été vu comme un mouvement libérateur, permettant à chacun de s’accepter tel qu’il est. Parmi ses figures emblématiques, Lizzo s’est imposée comme un symbole de confiance en soi et d’acceptation de son corps. Pourtant, ces derniers mois, la chanteuse a suscité une vague de réactions après avoir révélé qu’elle avait entrepris une perte de poids. Pour certains, c’est une trahison. Pour d’autres, une simple évolution personnelle. Alors, Lizzo est-elle une icône du body positive ou l’incarnation de ses contradictions ?
Un modèle d’acceptation devenu controversé
Depuis le début de sa carrière, Lizzo a fait de son image une force. Sur scène, dans ses clips et sur les réseaux sociaux, elle n’a jamais hésité à revendiquer sa beauté et son bien-être, quelle que soit sa taille. Elle affirmait avec force que l’important était de s’aimer soi-même et que la société devait arrêter d’imposer des standards irréalistes.
Pour beaucoup, cela représentait une bouffée d’air frais dans un monde où les corps hors normes sont souvent critiqués. Mais cette image a été ébranlée récemment lorsqu’elle a révélé avoir suivi un régime et un entraînement intensif pour perdre du poids. Cette annonce a immédiatement divisé ses fans et les observateurs du mouvement body positive.
Le body positive : un mouvement mal compris ?
Beaucoup accusent Lizzo d’avoir utilisé le body positive comme un argument marketing avant d’abandonner ses principes une fois la pression sociale trop forte. Ils rappellent que son message a longtemps été : « Aimez-vous comme vous êtes » et non « Changez votre corps pour être heureux ».
Mais est-ce réellement une contradiction ? Le body positive ne prône pas l’obligation de rester en surpoids, mais bien l’acceptation de soi sous toutes ses formes. Cela signifie aussi que chacun est libre de faire évoluer son corps s’il le souhaite. Lizzo n’a jamais affirmé que la perte de poids était une trahison du mouvement, mais cette nuance semble être passée inaperçue aux yeux de nombreux critiques.
L’instrumentalisation du body positive
Ce débat soulève une question plus large : le body positive a-t-il été détourné de son message initial ? À l’origine, ce mouvement visait à donner une voix aux personnes marginalisées en raison de leur apparence. Il ne s’agissait pas de glorifier l’obésité, mais de créer un espace où chacun pouvait exister sans honte.
Cependant, les médias et certaines célébrités ont parfois transformé ce discours en une rhétorique simplifiée, où le simple fait d’être gros devenait un acte de rébellion. Lizzo, en tant que personnalité publique, a sans doute bénéficié de cette image, mais aujourd’hui, ce même discours se retourne contre elle.
Une pression démesurée sur les figures publiques
Lizzo est-elle responsable du message que ses fans ont interprété ? La réalité est que les célébrités subissent une pression constante pour correspondre à une image qui plaît au public. Dans son cas, elle a été critiquée à la fois pour revendiquer son poids et pour avoir décidé de maigrir.
Ce paradoxe montre bien que le problème ne vient pas seulement de Lizzo, mais d’une société qui attend des figures parfaites, sans faille ni contradiction. La chanteuse est-elle une traîtresse au body positive ou simplement une femme qui évolue avec le temps et ses besoins personnels ?
Le body positive peut-il survivre à ces contradictions ?
Le cas de Lizzo met en lumière les limites et les ambiguïtés du body positive dans l’espace public. Ce mouvement, censé encourager l’amour de soi, est devenu un champ de bataille idéologique où chacun interprète à sa manière ce que signifie « accepter son corps ».
Si Lizzo a prouvé quelque chose, c’est bien que le body positive doit évoluer. Il ne doit pas être une prison enfermant les gens dans un état figé, mais un espace où l’on peut s’aimer tout en ayant le droit de changer. Car au final, que l’on choisisse de garder son corps tel qu’il est ou de le transformer, l’essentiel reste de se sentir bien dans sa peau.
Le futur du body positive : vers un équilibre ?
Face à ces contradictions, certains militent pour une approche plus nuancée du mouvement. Plutôt qu’une acceptation inconditionnelle ou une injonction à la transformation, le body positive pourrait évoluer vers une forme de body neutrality. Cette perspective encourage à voir le corps avant tout comme un outil fonctionnel, sans jugement de valeur, qu’il soit gros ou mince. Lizzo, par son parcours, met en évidence le besoin d’un discours plus flexible, où chaque individu est libre d’évoluer sans être jugé. Peut-être que l’avenir du body positive réside dans cette nuance, plutôt que dans des positions rigides et polarisées.
Source de l'image de couverture : https://www.flickr.com/photos/nrk-p3/52696767400 - NRK P3