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Et si la Marianne qui trône dans nos mairies, nos écoles et nos timbres changeait enfin de visage ? Et si, au lieu d’un buste lisse, jeune, blanc, mince et silencieux, elle devenait plurielle, vivante, combattante ? C’est le pari fou – mais essentiel – de l’artiste Sylvie Castioni, qui signe avec Mariannes un projet artistique et politique d’une puissance rare. À travers 92 portraits de femmes, elle redessine les contours d’une France plus inclusive, plus diverse, et surtout, plus vraie.

Une Marianne, mille visages

La Marianne de Sylvie Castioni n’est pas figée dans le marbre. Elle vit, elle parle, elle chante, elle lutte. Marianne a les traits de femmes noires, arabes, asiatiques, rondes, valides ou en situation de handicap, jeunes ou âgées, queer, voilées, militantes, survivantes, artistes. Elle est vous, elle est nous.

92 femmes ont été photographiées pour ce projet, dans une série d’images à la fois puissantes, délicates et engagées. Chacune incarne à sa façon les valeurs de la République – liberté, égalité, sororité – mais aussi les combats d’aujourd’hui : contre les violences sexistes, pour le droit de disposer de son corps, pour une société qui ne juge pas les corps, les origines ou les identités.

Dans cette galerie de portraits, on retrouve notamment Mathilde, chanteuse ronde au talent reconnu, dont la voix puissante et la silhouette assumée font d’elle une Marianne contemporaine d’une rare force symbolique. Voir une femme grosse, belle, debout, drapée du drapeau français, c’est bouleversant. Et profondément nécessaire.

Une réponse artistique à un monde en tension

Le projet Mariannes s’inscrit dans un contexte mondial où les droits des femmes reculent. Aux États-Unis, l’avortement est remis en question. En Amérique latine, les féminicides se multiplient. Dans l’Afghanistan, les femmes sont privées d’éducation. En Iran, elles risquent leur vie pour retirer leur voile. Même en Europe, les agressions sexuelles restent trop peu punies, et les inégalités persistent.

Face à cette réalité, Sylvie Castioni n’a pas choisi la colère, mais la création. Son projet est un appel à la mobilisation, une invitation à célébrer la résilience des femmes. Les visages qu’elle capture ne sont pas des symboles passifs. Ce sont des femmes réelles, debout, lumineuses, blessées parfois, mais fières. Des femmes qui disent : « Nous sommes la République. Regardez-nous. »

Une artiste engagée, entre art, cinéma et mode

Pour comprendre la portée de ce projet, il faut aussi revenir sur le parcours de Sylvie Castioni. Photographe française, elle a débuté dans la mode, inspirée par les top-modèles des années 1990. Mais en 2001, un drame personnel bouleverse sa vie et réoriente son regard. Dès 2010, elle rejette l’objectification des femmes et choisit de valoriser leur intimité, leur vérité, leur puissance.

Elle développe alors une démarche profondément humaine, influencée par des œuvres comme Women d’Anastasia Mikova ou Les Chatouilles d’Andréa Bescond. Elle photographie des nus masculins pour Playboy, collabore avec La Poste, Sephora, ou le Festival de Cannes sur des projets qui parlent d’estime de soi, de guérison, d’équilibre. Avec À corps perdu, elle explore les cicatrices visibles et invisibles du corps féminin.

Aujourd’hui, elle entre dans le monde de l’art contemporain avec une vision claire : faire de la photographie un outil de transformation sociale.

Une Marianne inclusive et politique

Le projet Mariannes n’est pas un simple travail artistique. C’est une déclaration politique. En replaçant les femmes dans l’espace symbolique de la République, Sylvie Castioni envoie un message fort : la liberté, l’égalité et la fraternité n’ont de sens que si elles sont partagées par toutes et tous.

Chaque portrait est accompagné d’un témoignage ou d’un mot-clé qui donne à voir l’histoire, l’engagement, ou les blessures de la femme photographiée. Certaines sont militantes, d’autres survivantes de violences, d’autres encore simplement fières d’être elles-mêmes dans un monde qui les invisibilise.

On y retrouve des personnalités publiques, mais aussi des femmes anonymes. Des mères, des artistes, des travailleuses, des étudiantes. Toutes unies par une chose : leur volonté de reprendre leur place. D’exister, sans filtre, dans l’espace public. De réconcilier l’image de Marianne avec la vraie France, celle des métissages, des corps différents, des histoires plurielles.

Une démarche esthétique et profondément bienveillante

Loin des clichés de la mode ou des photos figées, Sylvie Castioni propose une vision chaleureuse, humaine et réaliste de ses modèles. Elle les photographie avec douceur, mais sans complaisance. Sylvie capte les regards, les silences, les postures. Elle laisse place à l’émotion brute.

Le résultat est saisissant : chaque portrait respire la vérité. Rien n’est retouché pour gommer les rides, les rondeurs, les cicatrices. Au contraire, tout est là pour dire : « Voici une femme. Voici une Marianne. Voici une force. »

C’est un acte d’amour, mais aussi de résistance.

Mathilde : une Marianne ronde et puissante

Parmi les 92 visages de ce projet, la présence de Mathilde, chanteuse ronde, est un symbole fort. Trop souvent, les corps gros sont exclus des représentations de la beauté républicaine. Ils sont moqués, invisibilisés, réduits à des caricatures. Ici, Mathilde est au centre. Elle est belle, puissante, lumineuse. Elle incarne Marianne, pleinement.

Son image résonne particulièrement avec la mission de beauteRonde.fr : représenter les femmes rondes avec dignité, force et fierté. Grâce à Sylvie Castioni, cette Marianne nouvelle devient aussi la nôtre.

Une exposition pour dessiner une autre France

Le projet Mariannes est présenté sous forme d’exposition photo et de plateforme digitale. Sur le site artgirls.store/mariannes, on découvre une sélection des portraits, accompagnés de textes, de vidéos, de témoignages. L’expérience est immersive, bouleversante, éducative.

En regardant ces femmes, on se demande : et moi, quelle Marianne suis-je ?. Ai-je le droit d’incarner la République ? Suis-je visible ? Suis-je entendue ?

Grâce à Sylvie Castioni, la réponse est oui. Mille fois oui.

Source de l'image de couverture : Instagram - https://www.instagram.com/sylviecastioni/p/DH3wJ7RNsDu/?img_index=7

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