Depuis plusieurs mois, les médicaments contre l’obésité suscitent des débats. Alors que l’affaire du Mediator a marqué l’histoire de la santé publique, certains se demandent si un nouveau scandale sanitaire est en train de se produire. Des millions de personnes prennent ces nouveaux traitements, mais des effets secondaires préoccupants commencent à émerger. Comparons ces médicaments et les risques qu’ils pourraient engendrer.
Le Mediator : un scandale sanitaire inoubliable
Le Mediator a été commercialisé par les laboratoires Servier en 1976. Officiellement, il était destiné aux diabétiques en surpoids, mais il a rapidement été prescrit comme coupe-faim. Problème : ce médicament contenait une molécule proche des amphétamines, le benfluorex, qui favorisait le développement de maladies cardiovasculaires.
Pendant plus de 30 ans, des médecins et chercheurs ont alerté sur les risques du Mediator. Pourtant, ce n’est qu’en 2009 qu’il a été retiré du marché en France. Selon une estimation de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), entre 500 et 2 100 décès seraient directement liés à la prise de ce traitement.
Le scandale a éclaté grâce au travail de la pneumologue Irène Frachon, qui a révélé les dangers du médicament et dénoncé l’inertie des autorités de santé face aux alertes répétées. Le procès a duré plusieurs années, et les laboratoires Servier ont été condamnés en 2021 pour tromperie aggravée et homicides involontaires.

Ozempic, Wegovy, Mounjaro : les nouveaux médicaments miracles ?
Depuis quelques années, trois nouveaux médicaments sont devenus des incontournables de la perte de poids : Ozempic, Wegovy et Mounjaro. Conçus à l’origine pour traiter le diabète de type 2, ils sont aujourd’hui prescrits à grande échelle pour la gestion du poids.
Ces traitements appartiennent à la classe des agonistes du GLP-1, une hormone qui régule la glycémie et ralentit la digestion. En réduisant la sensation de faim, ils permettent une perte de poids significative en quelques mois.
Aux États-Unis, ces médicaments sont devenus très populaires, notamment grâce aux réseaux sociaux et aux témoignages de célébrités qui vantent leurs effets spectaculaires. Mais cette popularité a aussi mis en lumière des effets secondaires préoccupants.
Des patients victimes de graves effets secondaires
Alors que des millions de personnes utilisent ces traitements, certains patients rapportent des effets indésirables sévères, en particulier au niveau de la vision.
Des recherches récentes ont mis en évidence un lien entre les agonistes du GLP-1 et une maladie rare de l’œil : la neuropathie optique ischémique antérieure non artéritique (NAION). Cette pathologie entraîne une perte soudaine et irréversible de la vue.
En janvier 2025, une étude publiée dans la revue JAMA Ophthalmology a analysé neuf cas de perte de vision chez des patients prenant l’un de ces médicaments. Sept d’entre eux présentaient des symptômes compatibles avec la NAION.
Par ailleurs, plusieurs témoignages font état de complications sévères. Un patient du New Jersey, ancien mécanicien, a perdu une grande partie de sa vision après une augmentation de sa dose de Mounjaro. Une femme de 56 ans a, quant à elle, intenté une action en justice contre Novo Nordisk, affirmant que son incapacité à travailler était due aux effets secondaires du médicament.
Des fabricants sous pression, mais une réponse timide
Face à ces signalements, les laboratoires concernés, Lilly and Company (Mounjaro) et Novo Nordisk (Ozempic, Wegovy), se défendent.
Un porte-parole de Novo Nordisk a déclaré que la NAION n’était pas une réaction indésirable reconnue à ces médicaments et que la balance bénéfice-risque restait favorable. De son côté, Lilly and Company affirme surveiller de près les effets secondaires signalés et mettre la sécurité des patients au premier plan.
Cependant, ces déclarations peinent à convaincre. Tout comme dans le scandale du Mediator, les laboratoires sont accusés de minimiser les risques et de privilégier leurs intérêts commerciaux au détriment de la santé des patients.

Des parallèles troublants avec le Mediator
Si Ozempic, Wegovy et Mounjaro ne sont pas des anorexigènes comme le Mediator, plusieurs similitudes interpellent :
- Prescription massive pour la perte de poids alors que ces médicaments ont été initialement développés pour le diabète.
- Effets secondaires graves signalés, mais minimisés par les fabricants.
- Manque de transparence sur les risques réels, avec des mises en garde insuffisantes.
- Débuts de plaintes judiciaires de patients victimes de complications.
Certes, nous n’en sommes pas encore au niveau du scandale du Mediator, mais la prudence s’impose.
Quels risques pour l’avenir ?
Alors que l’affaire Mediator a profondément marqué la France et conduit à une réforme du système de pharmacovigilance, ces nouveaux médicaments montrent que la vigilance est toujours nécessaire. Les autorités de santé américaines n’ont pas encore pris de mesures spécifiques concernant Ozempic, Wegovy et Mounjaro, mais les prochaines études et plaintes pourraient changer la donne.
Pour l’instant, ces médicaments continuent d’être prescrits en masse. Pourtant, face aux premiers signaux d’alerte, il serait peut-être temps de se poser la question : ne sommes-nous pas en train de revivre un nouveau scandale sanitaire ?
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