Comment l’industrie de la mode progresse-t-elle vers l’inclusivité ? Quelles sont les avancées et les défis auxquels elle fait face ? Quel rôle les marques, les designers et les consommateurs jouent-ils dans ce mouvement vers une mode plus diverse et plus représentative de toutes les morphologies et ethnies ?
Malgré une apparente diversification des mannequins sur les podiums des défilés, l’industrie de la mode continue de faire face à un problème majeur : sa prétendue inclusivité ne tient pas ses promesses. Les pratiques douteuses des directeurs artistiques et des responsables de casting ainsi que la résurgence de problèmes anciens entravent les efforts en faveur de l’inclusivité.
L’approche du Met Gala, l’un des événements majeurs de la mode, révèle une fois de plus les démons cachés de l’industrie, comme la grossophobie de Karl Lagerfeld, qui est pourtant mis en avant par Anna Wintour. Malgré les préoccupations croissantes des amateurs de mode en matière de diversité et d’inclusion, les sorties de pistes de certaines marques et le retour du style « héroïne chic » avec ses mannequins très minces continuent de se multiplier. L’industrie peine à se débarrasser des créateurs aux comportements douteux et des habitudes néfastes, malgré les tentatives pour y parvenir.
Les initiatives des marques pour devenir plus inclusives :
Certaines marques ont pris des mesures pour devenir plus inclusives en termes de diversité corporelle, d’ethnies et de genres. Nike, par exemple, a lancé une ligne de vêtements de sport pour femmes qui comprend des tailles allant jusqu’au 3XL, tandis que la marque de lingerie Savage X Fenty de Rihanna a présenté des mannequins de différentes morphologies, tailles et couleurs de peau dans ses campagnes publicitaires. De plus, la marque française de cosmétiques Sephora a lancé un programme de formation pour encourager la diversité dans l’industrie de la beauté et pour aider les employés à mieux comprendre les besoins de la clientèle diverse.
Le choix des mannequins…
Des marques telles qu’Ester Manas et des mannequins tels que Paloma Elsesser et Precious Lee contribuent à créer une image de la mode plus représentative de la société, avec des mannequins de différentes couleurs de peau, âges et morphologies. Depuis plusieurs décennies, les mannequins ne sont plus exclusivement des copies de poupées pâles et minces. Ils sont de toutes origines, religions, morphologies, valides ou handicapés, et sont devenus des stars de la mode. Les podiums ne sont pas les seuls à être en plein renouveau, de nombreux talents émergent également à la tête de maisons de mode prestigieuses, comme chez Ferragamo ou Off-White. Cependant, le reste de l’industrie de la mode s’oppose à cette évolution, ce qui ralentit sa progression vers une plus grande inclusivité. Les mannequins plus size restent encore peu représentés lors des défilés, mais ils sont en train de faire une percée importante.
L’influence des réseaux sociaux dans la promotion de la mode inclusive :
Les réseaux sociaux ont joué un rôle essentiel dans la promotion de la mode inclusive. De nombreux influenceurs français ont utilisé leur plateforme pour encourager la diversité et l’inclusion dans l’industrie de la mode.
Il existe de nombreux influenceurs français qui font la promotion d’une mode inclusive. En voici quelques-uns :
- Gaëlle Prudencio (@gaelleprudencio) : blogueuse mode grande taille et militante body positive.
- Stéphanie Zwicky (@stephaniezwicky) : influenceuse mode grande taille.
- @lamodeinclusive : compte instagram de veille documentaire sur le fashion inclusif.
- Eléonore by Beauteronde (@beauteronde) : blog et un compte instagram qui prônent la diversité corporelle et encouragent les femmes à s’accepter telles qu’elles sont.
Une mode inclusive ? Pas vraiment…
Depuis les années 197O, les pionniers tels que Kenzo Takada, Yasmeen Ghauri ou Katoucha ont tracé la voie pour une industrie plus inclusive. Cependant, malgré les efforts des marques pour se doter d’une équipe d’inclusivité, il reste encore beaucoup à faire. Bien que les podiums soient plus diversifiés, le staff en coulisses, du maquillage aux ateliers, peine à suivre. Les mannequins noirs et métis bataillent toujours pour que la texture de leurs cheveux soit correctement entretenue et stylisée, tandis que les mannequins plus size ne représentent qu’une infime partie des défilés. Les vêtements sont également au cœur de cet enjeu, les marques de luxe pratiquant la normalisation en adaptant des vêtements cousus sur des tailles standard à des femmes dépassant cette taille. En somme, si l’industrie de la mode fait des progrès en matière d’inclusivité, il reste encore beaucoup à faire pour offrir des collections portables par quiconque le souhaite.
Une mode éphémère ?
Bien que la mode inclusive ait connu une avancée importante ces dernières années, il est important de noter que certaines tendances peuvent être éphémères. Il est possible que la diversité corporelle ne soit plus considérée comme une tendance à la mode dans le futur. Par conséquent, il est essentiel que l’industrie de la mode continue à promouvoir la diversité et l’inclusion dans le cadre de sa mission à long terme, et non pas comme une simple tendance à suivre.
Ce que j’en pense…
Bien que l’industrie de la mode ait fait des progrès en matière d’inclusivité, il semble que certains de ces gains soient perdus alors que les tendances Y2K reviennent en force. Des personnalités influentes, comme Kim Kardashian, ont renoncé à leurs chirurgies plastiques pour retrouver une maigreur malsaine, confirmant ainsi que les codes de la mode ne changent pas si facilement. En outre, certaines marques sont en train de revenir à des castings moins diversifiés, ce qui ne répond pas aux attentes du mouvement du body positivisme et de la pluralité de la clientèle. Bien que l’industrie de la mode ait progressé dans la diversité des profils, visages et morphologies, le retour de tendances passées laisse présager des temps difficiles pour les défenseurs de l’inclusion. En somme, il semble que l’industrie de la mode avance en reculant, prenant deux pas en avant pour en faire dix en arrière.
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